Retrait de la pub d’Alliance Vita: «sur un plan commercial, il valait mieux éviter la fatwa hidalgesque»

Action-réaction (immédiate). À peine un affichage l’association anti-IVG Alliance Vita est-il apparu dans certaines gares d’Île-de-France qu’il est retiré à la demande d’Anne Hidalgo. Dans un entretien avec Sputnik, maître Régis de Castelnau souligne l’ambivalence des positions face à ces affiches litigieuses.
Sputnik

Une campagne de publicité de l’association anti-IVG Alliance Vita crée la polémique dès son apparition dans plusieurs gares de Paris et d’Ile de France. Anne Hidalgo, maire de Paris, «profondément choquée et indignée par cette campagne», réagit et demande de les retirer «immédiatement».

​Une réaction qui surprend maître Régis de Castelnau. Il assure qu’Anne Hidalgo «était parfaitement libre de critiquer le fond de la démarche d’Alliance Vita, mais en aucun cas “d’exiger” le retrait des affiches». L’avocat déplore que «l’opinion s’habitue et accepte ce genre de dérive dictatoriale où une politicienne […] se permet de donner des ordres abusifs et illégaux, puisqu’en dehors de ses compétences administratives». Au micro de Sputnik, l’avocat ne mâche pas ses mots:

«C’est effectivement aussi une bataille politique. Anne Hidalgo est en campagne et ne recule devant aucune démagogie. Son catastrophique bilan, qui a transformé la capitale de la France en un triste cloaque la met en danger pour sa réélection», s’emporte Régis de Castelnau.

Des affiches anti-PMA retirées à Paris après avoir créé la polémique
Les réseaux sociaux se sont enflammés face à l’affichage «illégal», dans le sens «contraire aux lois récemment adoptées par le Parlement». Mais, dans la réalité des faits, quels articles de quelles lois aurait transgressé l’association Alliance Vita? L’accusation d’illégalité pour le contenu des affiches est qualifiée de «complètement ridicule» par notre interlocuteur.

«Cela en dit long sur la culture démocratique de ces gens –fort nombreux– qui ne supportent pas que l’on ne soit pas de leur avis, note Régis de Castelnau. Je ne partage absolument pas les positions religieuses sociétales et politiques d’Alliance Vita, les miennes sont même carrément contraires. Mais il ne me viendrait pas à l’idée “d’exiger” qu’on leur interdise de les exprimer.»

Pour l’avocat médiatisé, l’incident autour de l’affichage d’Alliance Vita témoigne que «la France s’habitue désormais à la mise en cause de la liberté d’expression»

«Les lois liberticides succèdent aux lois, les décisions judiciaires liberticides aux décisions judiciaires sans que personne ne s’en émeuve vraiment. Il faut savoir que plus de 400 textes légaux restreignent la liberté d’expression dans notre pays, ce qui est absolument considérable et consternant», souligne l’avocat.

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Pour Régis de Castelnau, il existe («malheureusement, car c’est aussi un texte liberticide») un délit «d’entrave à l’avortement», dont l’objectif pour lui était «d’incriminer les organisations “pro-vie” pour éviter les pressions sur les femmes souhaitant avorter». Mais face aux affiches au message indirect que l’«on peut peut-être interpréter sur le fond comme se prononçant contre l’avortement et la PMA sans père, selon l’expression des opposants», maître de Castelnau rappelle que «dans une démocratie représentative, le législateur a parfaitement le droit de changer d’avis, et les citoyens qui le souhaitent sont tout à fait libres de manifester pour qu’il le fasse».

«En aucun cas, les affiches litigieuses ne peuvent être qualifiées “d’entrave à l’avortement”», précise Régis de Castelnau.

Il considère par ailleurs que la célérité de la régie Media Transports à retirer les affiches «illustre bien cette dictature douce que ces couches minoritaires essaient de mettre en place». «Sur un plan commercial, il valait mieux effectivement éviter la fatwa hidalgesque», ironise l’avocat.

Les affiches, placardées non seulement à Paris, mais également dans d’autres villes, ont également heurté l’opinion publique, qui s’est exprimée sur Internet:

​Pourtant, ce n’est que par les médias que la régie Media Transports apprend l’existence des affiches controversées. Même si Alexandra Lafay, responsable communication de la régie publicitaire a confirmé aux médias que «la période troublée à la SNCF serait à l’origine de cette “négligence”», notre interlocuteur insiste sur le côté strict de l’obligation de neutralité des services publics, existant en droit administratif français, «qui s’étend à beaucoup d’aspects»: «la SNCF est l’un de ces services publics, par conséquent, la discrimination dans les messages est interdite, tout comme les messages contraires à l’ordre public, mais également des messages “trop militants”.»

«Pouvait-on considérer que le contenu des affiches de l’Alliance Vita était militant? Ce n’est pas mon avis, il était suffisamment flou, même si on pouvait comprendre l’intention. La situation aurait été différente si nous avions été en présence de slogans tels que “non à l’avortement! non à la PMA pour toutes!”»

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Régis de Castelnau souligne également un autre problème concernant cette affaire: il constate «le deux poids deux mesures».

«Que ce soit dans les gares de la SNCF ou dans les stations de métro, on voit passer plein d’affiches explicitement militantes pour toutes sortes de causes, rappelle Régis de Castelnau. Cela ne gêne personne, et il est quand même bizarre que l’on fasse une exception dès lors qu’il s’agit de la communication d’une organisation chrétienne.»
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