Depuis la chute de Daech*, quelque 2.500 djihadistes occidentaux attendent leur sort dans des prisons kurdes en Syrie. Leurs pays, dont la France, ne veulent pas les rapatrier, tout en espérant qu’ils seront jugés là où ils ont commis leurs crimes.
Des journalistes de France 2 qui se sont rendus dans une de ces prisons n’ont pas pu rencontrer de Français tenus à l’écart à la demande des autorités françaises. En revanche, ils ont pu parler à trois autres prisonniers qui leur ont raconté leur situation.
«C'est pas tout le monde qui est terroriste»
Ainsi, Daniel, Suisse converti de 25 ans dont le nom figure sur la liste des terroristes les plus recherchés d'Interpol et qui a été parmi les premiers européens à avoir rejoint Daech* il y a cinq ans, affirme ne pas avoir combattu.
«J'ai tué personne, que ça soit en Europe ou ici. Je n'ai pas trop de regrets et au contraire, je me suis marié en fait. C'est pas tout le monde qui est terroriste», souligne-t-il.
Pourtant, cet homme que l’on peut voir sur des photos «fièrement armé» est un ancien membre de la brigade des martyrs de Daech*, donc «candidat potentiel aux attaques suicide en Europe», précise France 2.
Un autre prisonnier, le Britannique Aseel Muthana, préfère être jugé dans son pays que rester pour une période de temps indéterminée dans une prison en Syrie:
«Si on nous dit qu’on en a pour 10 ans de prison, alors Ok, on va commencer à compter les jours mais là, ça fait neuf mois qu’on est là et personne ne nous dit rien.»
Selon lui, dans cette situation, les Kurdes risquent une évasion collective des prisonniers d’autant plus que de telles tentatives ont déjà eu lieu et que des cellules locales de Daech* sont toujours présentes dans la zone.
«On se regroupera peut-être pour recommencer»
Enfin, le maçon danois Kasper M., 28 ans, ne fait preuve d’aucun regret sur les attentats de Daech* en Europe.
«C’est la guerre, c’est la règle de la guerre. Daech* a été bombardé, beaucoup de femmes et d’enfants ont été tués, donc ils ont riposté. Maintenant, nos pays ne veulent pas qu’on revienne mais ils n’ont peut-être pas d’autre choix. Il n’y pas d’autre solution. C’est mauvais de nous laisser ici parce qu’on est des milliers, si on ne nous ramène pas chez nous, on se retrouvera tôt ou tard hors de la prison et on se regroupera peut-être pour recommencer», avertit-il.
La position de la France
Mi-décembre, en déplacement en Irak, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a déclaré que les combattants français de Daech*, tout comme les ressortissants d’autres pays européens ayant combattu pour Daech*, devaient être jugés là où ils ont commis leurs crimes.
Le ministre a souligné que la position de la France sur ce sujet était partagée par d’autres pays européens.
*Organisation terroriste interdite en Russie