Le Président Abdelmadjid Tebboune a désigné, samedi 28 décembre, un politiste pour diriger le nouvel exécutif. Plusieurs responsables «en réserve de la République» avaient été approchés pour occuper ce poste. Nombreux ont refusé, à l’instar d’Abdelaziz Rahabi, ancien ambassadeur et ancien ministre de la Communication.
Abdelaziz Djerad, 65 ans, revient aux affaires après avoir été écarté, en 2004, par Abdelaziz Bouteflika pour avoir soutenu la candidature d’Ali Benflis. Issu d’une famille d’imprimeurs, Djerad a l’avantage de répondre doublement au principe «d’équilibre régional» cher au système algérien. Natif de Khenchela et originaire de la région de Oued Souf, il représente à lui seul l’est et le sud du pays.
Ce n’est pas uniquement pour son curriculum vitæ que Djerad a été nommé à la tête de l’exécutif. Ses prises de positions en faveur du Hirak pourraient faire de lui un bon interlocuteur pour un éventuel dialogue avec ce vaste mouvement citoyen qui a pris forme au mois de février. Il a d’ailleurs donné le ton de sa mission principale dans sa première déclaration publique: «nous devons travailler avec toutes les compétences nationales et les cadres du pays, les citoyennes et les citoyens, afin de sortir de cette période difficile».
«C’est une personne respectable, compétente, c’est un des premiers enseignants de Sciences po à accéder au grade de professeur. Il est évident qu’à travers sa nomination on essaie de mettre en avant son statut d’universitaire, car le profil de Djerad répond à une demande exprimée par le Hirak ainsi que par la société globalement. Mais il ne faut pas s’emballer. Dans l’état actuel des choses, l’héritage légué par Bouteflika fait que le Premier ministre n’est qu’un simple coordinateur de l’action du gouvernement qui se limite à appliquer le programme du Président de la République», souligne-t-il à Sputnik.
Selon lui, le Premier ministre pourrait avoir une certaine «influence» dans le processus de réformes que s’est engagé à mener le nouveau Président de la République.
«Ce qui est positif c’est qu’il est politologue. Il peut apporter sa touche au cas où le chef de l’État décide de réformer le régime. Il ne faut pas oublier que l’actuelle constitution a été élaborée par des constitutionnalistes et des énarques. Djerad pourrait participer à revoir la structure du régime politique et ne pas laisser le terrain aux cadres de l’administration et aux juristes», indique encore Zaïdi.
La désignation d’Abdelaziz Djerad confirme le maintien du Front de libération nationale (FLN) comme premier parti politique du pays. Pour Abdelhamid Si Affif, député FLN, la question de son appartenance politique est plus complexe.
«Le nouveau Premier ministre est militant du Front de libération nationale, il était membre du bureau politique en 2002 puis membre du comité central. Il a décidé de geler son appartenance au comité central en 2016 lorsque Djamel Ould Abbes a pris les rênes du secrétariat général. Djerad a toujours eu du mépris pour les incompétents qui étaient désignés à des postes de responsabilités au sein du parti.»
Abdelmadjid Tebboune et son Premier ministre savent qu’ils n’auront pas droit au traditionnel état de grâce. Leurs destins sont désormais liés, pour le meilleur et surtout pour le pire.