Sur fond de concurrence commerciale entre plusieurs pays, dont la France et la Russie, pour accaparer le marché du blé en Algérie, Saïd Djellab, le ministre algérien du Commerce, a affirmé, jeudi 22 août, que son pays pourrait bien ne pas recourir à l’importation de cette denrée, a indiqué l’Algérie Presse Service (APS).
«La production abondante de différents types de céréales enregistrée cette année et la valorisation du produit national de blé dur, tendre et d'orge permettra de ne pas recourir à l’importation du blé cette année», a affirmé le ministre, lors d’une visite de travail à la wilaya (région) d’El-Taref, dans l’est du pays.
«La possibilité de ne pas recourir à l’importation de produit subventionné [dont blé, ndlr] existe eu égard aux mesures prises par le gouvernement à l’encontre de certains propriétaires de minoteries frauduleuses qui contournent les lois pour profiter des subventions allouées par l'État», a expliqué le responsable.
Un total de 45 minoteries fermées par l’État
Mercredi 10 juillet, le gouvernement algérien a pris la décision de fermer 45 minoteries dans le cadre de la réorganisation et l'assainissement de la filière céréalière, a indiqué un communiqué relayé par l’APS.
La réunion a permis aussi de procéder à «l'examen et l'évaluation des capacités de production et de stockage des moulins relevant du groupe Agrodiv, ainsi que le réseau de distribution des filiales». «Cet état des lieux a permis de constater le potentiel dont dispose ces entités publiques», a souligné le communiqué.
La concurrence sur le marché algérien
Selon un rapport publié par le site français Ports et Corridors consacré à la campagne céréalière 2018/2019, l’Algérie a importé 4,6 millions de tonnes de blé tendre depuis la France. Ce taux est en hausse de 34% par rapport aux quantités importées durant la saison 2017/2018. Par ailleurs, le site a indiqué que les fournisseurs français voyaient avec crainte l’arrivée du blé russe sur le marché algérien.
Tout en rappelant qu’un lot test de 21 tonnes de blé russe avait été envoyé en Algérie pour des analyses, Ports et Corridors a souligné qu’avec la hausse de sa production prévue en 2019, la Russie pourrait être le trouble-fête des Français sur le marché algérien. À ceci s’ajoute la part que pourrait accaparer l’Argentine durant la prochaine saison, bien que sa présence actuelle sur le marché algérien ne soit pas concurrentielle.
Durant la saison 2018/2019, le même rapport a indiqué que l’Algérie avait produit 3,9 millions de tonnes de blé, quantité en hausse de 61% par rapport à la saison précédente. Le gouvernement algérien a prévu de rendre le pays autosuffisant en blé dur pour les prochaines années, a précisé Ports et Corridors.