Le cap des 500.000 signatures pour l’organisation d’un référendum sur le statut d’ADP a été dépassé ce 1er juillet, ce qui représente déjà 10% des suffrages requis en dix-huit jours. Cette mobilisation en faveur du référendum d’initiative partagée (RIP) contre la privatisation des aéroports de Paris serait-elle sur la bonne voie alors qu’il reste encore près de neuf mois pour atteindre le quorum?
Sputnik France: En quoi le mouvement des Gilets jaunes peut-il contribuer à la mobilisation contre la privatisation des aéroports de Paris?
François Boulo: «En tant que Gilet jaune, il est obligatoire de se mobiliser pour le référendum d’initiative partagée contre la privatisation des aéroports de Paris. Parce que depuis le début, le mouvement réclame le référendum d’initiative citoyenne, donc la possibilité pour le peuple d’intervenir directement dans la démocratie. Et là, on a l’occasion, parce que les parlementaires ont réussi à se mettre d’accord, au-delà des clivages partisans traditionnels, sur cette procédure et donc maintenant, l’objectif est de réunir les 4,7 millions de signatures.»
«Je crois qu’il faut véritablement se mobiliser pour faire la démonstration auprès du pouvoir qu’effectivement le peuple souhaite pouvoir intervenir directement par référendum pour exprimer sa voix lorsque cela concerne des sujets très importants. Évidemment, la question de la privatisation des aéroports de Paris, c’est une question majeure. Ensuite en termes de stratégie politique, je pense que c’est une formidable occasion d’infliger une cinglante défaite institutionnelle à Emmanuel Macron, parce que contrairement à ce qu’on a pu entendre par la voix du Premier ministre dans l’hémicycle, qui prétend qu’en tant que démocrate, ils ne craignent aucun vote, ni aucune élection, on voit très bien qu’ils redoutent au contraire absolument qu’une défaite leur soit infligée sur la privatisation des aéroports de Paris. Tout ce qui peut permettre d’infliger une gifle politique au pouvoir en place est bon à prendre.»
Sputnik France: Comment cette tentative de référendum d’initiative partagée peut-elle être diffusée par les Gilets jaunes?
«Je crois qu’aujourd’hui, l’objectif essentiel est d’aller rediscuter avec les gens, repolitiser les gens, en parlant des idées, et cette campagne de collecte de signatures sur le référendum ADP est un formidable moyen d’aller justement à la rencontre des gens, de leur parler. Voilà un sujet qui fait l’unanimité dans la société, parce que chacun a en mémoire le scandale de la privatisation des autoroutes. Ça va permettre donc d’être une clé d’entrée pour obtenir les signatures, discuter avec les gens, et ensuite peut-être les amener à poursuivre ce travail de conscience politique en les invitant aux assemblées de Gilets jaunes qui se tiennent encore sur le territoire. C’est un formidable moyen d’aller à la rencontre des citoyens pour repolitiser la société dans son ensemble.»
Sputnik France: La mobilisation pour le référendum ADP pourrait-elle donner un nouveau souffle au mouvement des Gilets jaunes?
François Boulo: «Désormais, il faut essayer de s’appliquer à repolitiser les gens pour transformer les conditions de l’électorat. On voit bien que le système électoral, en l’état, est bloqué. On l’a vu avec les résultats des élections européennes, où on nous enferme dans la logique Macron-Le Pen et on ne sortira pas de ça si on n’élève pas le niveau de conscience politique dans la société. C’est donc effectivement le moment de s’organiser pour arriver à produire des actions qui vont permettre de toucher véritablement l’opinion publique.»
Sputnik France: Cette campagne de collecte de signatures pourrait-elle représenter une amorce de moment constituant?
Sputnik France: Peut-on s’attendre à un «2005» bis?
François Boulo: «L’objectif c’est de faire un 2005 bis, c’est absolument certain. Même si les conditions sont un peu différentes, car en 2005 l’enjeu était de savoir quel serait le vote au référendum. Là en réalité, si demain nous obtenons les 4,7 millions de signatures et qu’il y a in fine un référendum, il est quasiment certain qu’il sera en faveur de l’abrogation de ce projet de loi qui vise à la privatisation des aéroports de Paris. Là, l’enjeu n’est pas de convaincre plus de la moitié de la population, il est d’aller obtenir les 4,7 millions de signatures pour déclencher le référendum.»
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