Après l’attaque contre deux pétroliers en mer d’Oman dont Washington a accusé Téhéran et surtout après la récente destruction du drone américain par les militaires iraniens, les deux pays se sont retrouvés presque au seuil d’un conflit militaire.
Le directeur du think tank American Enterprise Institute (AEI), Michael Rubin, qui dit avoir suivi le dossier iranien depuis presque un quart de siècle, a abordé dans un article publié par le National Interest trois aspects des relations irano-américaines, essentiels, à son avis, pour comprendre la situation.
Tout d’abord, M.Rubin rejette l’idée selon laquelle exercer une pression sur l’Iran est une voie contreproductive. Il rappelle qu’en 1981 l’ayatollah Khomeini avait accepté de libérer des otages américains.
«Il l'a fait non pas à cause de la persistance de la diplomatie, mais plutôt parce que l'isolement de l'Iran était devenu trop difficile à supporter, notamment dans le contexte de la guerre Iran-Irak», estime M.Rubin qui ajoute que pour la même raison l’ayatollah avait également accepté «un cessez-le-feu en 1988 et laissé Saddam Hussein au pouvoir en Irak»
Toutefois, l’auteur de l’article appelle les hommes politiques de Washington à rester «unis» face à l’Iran qui est devenu un «enjeu politique» au Congrès et, pour cette raison, peut aggraver la crise politique à Washington.
L’expert analyse ensuite la situation au sein des forces militaires iraniennes. Il rappelle que fin 2017, il y a eu un changement de commandement de la Marine iranienne ce qui a mis fin aux «relations cordiales et professionnelles» que les militaires américains avaient longtemps eues avec leurs homologues iraniens.
«Lorsque des changements de commandement surviennent, en particulier dans la République islamique, les successeurs doivent montrer leur courage révolutionnaire», explique l’expert qui souligne que maintenant «les nouveaux commandants iraniens tentent de tester des lignes rouges établies depuis longtemps».
Enfin, M.Rubin essaie d’estimer le futur de l’Iran, tenant compte de la nature de la vie politique du pays et de l’état actuel des choses. Soulignant que l’Iran se trouve en «pleine tempête» et souffre des sanctions économiques, l’expert n’exclut pas que ses lecteurs puissent à l’avenir «assister à la mort de la République islamique». Il souligne également qu’à la différence des années 1990, la monnaie iranienne est en chute libre ce qui aggrave la situation.
Toutefois, la pression économique n’est pas le seul problème de l’Iran, écrit M.Rubin. Selon lui, contrairement à 1989, l’année où l'Iran avait connu la dernière fois une passation de pouvoir au plus haut niveau, «il n'y a pas de successeur clair ni de confiance dans le système» pour que la transition après la mort du guide suprême Ali Khamenei se déroule sans heurts. L’expert n’exclut pas «une impasse ou même un coup d’État militaire» qui représentent, d’après lui, la norme dans la majeure partie de l’Histoire iranienne contemporaine.