Un dirigeant du FLN explique à Sputnik l’interdiction par l’armée des drapeaux autres qu’algériens en manifestation

Dans un entretien à Sputnik, Abou el-Fadel Baâdji, membre du bureau politique du Front de libération nationale, a affirmé que le chef de l’armée algérienne ne s’était pas attaqué au drapeau berbère dans son dernier message. Il a au contraire appelé tous les Algériens à s’unir autour d’un seul «objectif sous l’emblème national».
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Au troisième jour de sa visite à Béchar, le chef de l’armée algérienne a fustigé les manifestants qui défilaient avec «des drapeaux autres que l’emblème national». Ces propos ont déclenché une polémique dans la presse algérienne et sur les réseaux sociaux. En effet, beaucoup ont jugé que c’était le drapeau berbère qui était visé par ces déclarations, estimant que ceci constituait une grave dérive pouvant porter atteinte à l’unité nationale.

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Abou el-Fadel Baâdji, membre du bureau politique du Front de libération nationale (FLN), parti au pouvoir en Algérie, a affirmé dans une déclaration à Sputnik que le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, n’avait pas visé particulièrement le drapeau berbère, «mais tous les drapeaux en dehors de l’emblème national».

«Avant tout, il faut rappeler que le drapeau berbère n’est pas spécifique à la région de Kabylie en Algérie, mais à tous les territoires berbérophones qui se répartissent dans tous les pays maghrébins», a-t-il déclaré. «Dans ce sens, il est nécessaire de relever que le général Gaïd Salah est lui-même berbère du fait qu’il est originaire de la région de Chaouia, dans l’est de l’Algérie», a-t-il ajouté.

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Selon le responsable, depuis le début des manifestations en Algérie, le 22 février dernier, «la majorité des Algériens n’ont pas aimé la présence lors des manifestations d’autres drapeaux que l’emblème national». «Ceci était vu comme quelque chose pouvant diviser la révolution populaire, puisque ces drapeaux symbolisent des revendications régionales et non nationales», a-t-il expliqué, précisant que «concernant le drapeau berbère, c’est surtout celui du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK), un mouvement séparatiste, qui était visé par les propos du chef de l’ANP».

Réagissant aux propos d’une partie de la presse qui a considéré les déclarations du général Gaïd Salah comme une grave dérive, M.Baâdji a souligné «que ce sont les mêmes journaux qui mènent campagne contre la solution constitutionnelle défendue par le haut commandement de l’ANP, à savoir l’organisation dans les plus brefs délais de l’élection présidentielle». «Cette presse a également fustigée l’opération mains propres menée avec l’assistance de l’armée, la qualifiant de sélective», a-t-il poursuivi.

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En conclusion, Abou el-Fadel Baâdji affirme que le discours du chef d’état-major de l’ANP «ne doit pas être lu de manière fractionnée, mais dans toute sa globalité et en le replaçant dans la lignée de tous ses messages depuis le début de la révolte populaire».

«L’armée a pris position en faveur des revendications populaires et s’est engagée à protéger le peuple algérien et sa révolution», a-t-il ajouté, précisant «que Gaïd Salah a[vait] aussi évoqué dans son discours de Béchar la tâche cruciale de l’édification d’une économie productive établie sur le savoir et servant tout le peuple algérien d’est en ouest, et du nord au sud». «Son message est clair: il a appelé tous les Algériens à s’unir, sous l’emblème national, derrière cet objectif noble qui servira les générations futures et à éviter tout ce qui peut susciter la division dans les rangs».

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Le 19 juin à Béchar, Ahmed Gaïd Salah avait attiré l’attention des Algériens «sur une question sensible, à savoir la tentative d’une infime minorité d’infiltrer les marches et d’y porter d’autres emblèmes que notre emblème national». «L’Algérie ne possède qu’un seul drapeau […] un emblème unique qui représente le symbole de la souveraineté de l’Algérie, de son indépendance, de son intégrité territoriale et de son unité populaire», avait-il rappelé, annonçant que «des instructions strictes» avaient été données aux forces de l’ordre pour «une application rigoureuse des lois en vigueur».

Le HuffPost Algérie, à titre d’exemple, a écrit: «quasiment tout le monde a compris qu’il s’agit du drapeau berbère», estimant que «Gaïd Salah joue avec le feu». Algérie Focus a, de son côté, affirmé qu’il s’agissait là d’un «dangereux dérapage de la part du chef d’état-major de l’armée».

Des réactions similaires ont été observées sur les réseaux sociaux.

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