«La Chine prend des mesures plus fortes qu’avant pour essayer d’imposer sa volonté sur la scène mondiale et des pays occidentaux et des démocraties à travers le monde s’unissent pour signaler que ce n’est pas quelque chose qu’on doit continuer à tolérer», a déclaré Trudeau le 22 mai dernier, justifiant sa nouvelle approche avec cet État.
L’histoire remonte en décembre 2018, avec l’arrestation au Canada de la haute dirigeante chinoise de Huawei, Meng Wanzhou, à la demande des États-Unis. À la suite de son arrestation, la Chine avait prévenu le Canada qu’il s’exposait à de «graves conséquences» s’il ne libérait Mme Wanzhou, dont le père a fondé cette compagnie de télécommunications, liée au gouvernement chinois.
Pékin-Ottawa: une connexion interrompue
Des observateurs canadiens pointent le changement d’attitude de Pékin pour expliquer ce revirement diplomatique. C’est notamment le cas de Guy Saint-Jacques, ex-ambassadeur du Canada à Pékin (2012-2016). Selon lui, Justin Trudeau fait bien de se montrer plus ferme à l’endroit du gouvernement chinois, qui serait de plus en plus «arrogant». Dans son essai, L’Arrogance chinoise (Grasset), l’ancien directeur du Monde, Erik Izraelewicz, défendait déjà ce point de vue en 2011. Dans cette optique, le gouvernement Trudeau n’aurait pas une grande part de responsabilité dans cette affaire.
«Ce qu’il a dit [à propos des relations Ottawa-Pékin, ndlr], c’était majeur. C’était une reconnaissance de la nouvelle Chine, la Chine plus agressive, plus arrogante. Ça marque une évolution importante. […] Le seul langage qu’ils [les Chinois, ndlr] comprennent, c’est la fermeté. Moi, je commencerais par dire que le lien de confiance est brisé», a affirmé M. Saint-Jacques en entrevue avec le journal La Presse.
«Les Canadiens sont devenus des acteurs forcés de la situation autour de l’affaire Huawei. À l’évidence, la Chine renforce ses positions sur la scène internationale, non seulement en tant que puissance mondiale économique, mais aussi en tant que puissance mondiale politique», mentionnait M. Schatrov le 28 janvier 2019.
L’influence chinoise pointée du doigt
Sur le territoire canadien, les Instituts Confucius serviraient à promouvoir les intérêts de la Chine. Parallèlement, des Chinois investissent dans de nombreux secteurs de l’économie canadienne. Récemment au Québec, une députée de gauche accusait les Chinois d’être des «prédateurs» en convoitant des terres agricoles.
«Le changement soudain de Justin Trudeau face à la Chine n’est qu’un revirement désespéré en année électorale. […] Au fond de lui-même, Trudeau admire la “dictature de base” de la Chine. S’il est réélu cet automne, il reprendra sa politique d’apaisement avec la Chine», a déclaré Andrew Scheer lors d’un discours à Montréal.