Un membre de l’IRIS explique pourquoi «la présidentielle en Algérie sera probablement reportée»

Un expert à l’IRIS a expliqué à Sputnik pourquoi l’armée algérienne s’accrochait au processus électoral disposé par la Constitution face à l’intransigeance de la rue et de la classe politique à passer d’abord par une période transitoire. Il a confié que l’élection présidentielle serait probablement reportée, suggérant une solution alternative.
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Le 18 mai, trois hautes personnalités algériennes ont appelé le commandement de l’Armée nationale populaire (ANP) à nouer un dialogue «franc et honnête» avec les représentants du mouvement populaire, des partis et forces politiques et sociales qui le soutiennent, et à envisager une phase de transition de courte durée. Selon elles, dans les conditions actuelles, l’organisation de l’élection présidentielle prévue le 4 juillet est impossible.

Le chef de l’armée algérienne appelle les manifestants à dégager des représentants
Le 20 mai, en visite d'inspection dans la 4e région militaire à Ouargla, dans le sud-est de l'Algérie, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, chef d'État-major de l'ANP, a réitéré l’attachement de l’armée à l’organisation de l’élection présidentielle, sans pour autant notifier la date du 4 juillet.

Dans un entretien accordé à Sputnik, le docteur Brahim Oumansour, chercheur associé à l’IRIS, et consultant en géopolitique et relations internationales, a décortiqué la situation de blocage, indiquant qu’elle pourrait, selon lui, être la solution de sortie de crise.

S’exprimant sur l’appel indiqué ci-dessus, l’expert a affirmé que «c’est une demande formulée à l’armée qui doit prendre des décisions pour pousser vers une sortie de crise». «Donc, ça pourrait être une ouverture», a-t-il ajouté.

Cependant, «l’armée est dans une situation délicate parce qu’elle a pour mission de se protéger et de protéger le pays de toute tentative de déstabilisation, que ce soit par des forces internes ou externes qui voudraient profiter de la situation d’illégalité pour imposer leur poids dans la transition», a-t-il expliqué, soulignant que c’est la raison pour laquelle «l’ANP privilégie la voie légale, donc constitutionnelle, en poussant à l’organisation des élections présidentielles».

«L’armée n’a pas d’autres choix que de pousser à l’élection présidentielle» en Algérie
La rue algérienne et la majorité de la classe politique du pays refusent de participer à ces élections sans passer au préalable par une phase de transition. «Il y a une incompréhension de la part de la population qui se demande pourquoi l’état-major de l’armée veut coûte que coûte la mise en œuvre de la voie constitutionnelle, alors que ces élections sont déjà boycottées par la population», a détaillé M.Oumansour.

Tout en rappelant que le 19 mai était la date limite de dépôt des lettres d’intentions de candidature à la présidentielle, le spécialiste a souligné qu’«il y a 74 dossiers qui ont été déposés au Conseil constitutionnel parmi lesquels aucun grand parti politique, y compris ceux de la coalition gouvernementale comme le RND ou le FLN ou autres, ni aucune personnalité nationale connue ne figurent». «Ceci annonce déjà l’échec des élections du 4 juillet», a-t-il soutenu.

Brahim Oumansour avance que dans la configuration politique actuelle «le report des élections est très probable».

Dans ce cas de figure, l’interlocuteur de Sputnik estime que l’état-major de l’armée ainsi que les partis politiques et la société civile sont tenus de «penser à une solution alternative, comme un gouvernement de transition et de réconciliation nationale». «Ou, une phase de transition dirigée par un comité inclusif et consensuel formé par des hommes et des femmes d’expérience qui ont occupé des postes importants dans le passé», a-t-il ajouté, précisant qu’il serait nécessaire «d’intégrer des jeunes et différents courants politiques».

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