Le 18 mai, trois hautes personnalités algériennes ont appelé le commandement de l’Armée nationale populaire (ANP) à nouer un dialogue «franc et honnête» avec les représentants du mouvement populaire, des partis et forces politiques et sociales qui le soutiennent, et à envisager une phase de transition de courte durée. Selon elles, dans les conditions actuelles, l’organisation de l’élection présidentielle prévue le 4 juillet est impossible.
Dans un entretien accordé à Sputnik, le docteur Brahim Oumansour, chercheur associé à l’IRIS, et consultant en géopolitique et relations internationales, a décortiqué la situation de blocage, indiquant qu’elle pourrait, selon lui, être la solution de sortie de crise.
S’exprimant sur l’appel indiqué ci-dessus, l’expert a affirmé que «c’est une demande formulée à l’armée qui doit prendre des décisions pour pousser vers une sortie de crise». «Donc, ça pourrait être une ouverture», a-t-il ajouté.
Cependant, «l’armée est dans une situation délicate parce qu’elle a pour mission de se protéger et de protéger le pays de toute tentative de déstabilisation, que ce soit par des forces internes ou externes qui voudraient profiter de la situation d’illégalité pour imposer leur poids dans la transition», a-t-il expliqué, soulignant que c’est la raison pour laquelle «l’ANP privilégie la voie légale, donc constitutionnelle, en poussant à l’organisation des élections présidentielles».
Tout en rappelant que le 19 mai était la date limite de dépôt des lettres d’intentions de candidature à la présidentielle, le spécialiste a souligné qu’«il y a 74 dossiers qui ont été déposés au Conseil constitutionnel parmi lesquels aucun grand parti politique, y compris ceux de la coalition gouvernementale comme le RND ou le FLN ou autres, ni aucune personnalité nationale connue ne figurent». «Ceci annonce déjà l’échec des élections du 4 juillet», a-t-il soutenu.
Brahim Oumansour avance que dans la configuration politique actuelle «le report des élections est très probable».
Dans ce cas de figure, l’interlocuteur de Sputnik estime que l’état-major de l’armée ainsi que les partis politiques et la société civile sont tenus de «penser à une solution alternative, comme un gouvernement de transition et de réconciliation nationale». «Ou, une phase de transition dirigée par un comité inclusif et consensuel formé par des hommes et des femmes d’expérience qui ont occupé des postes importants dans le passé», a-t-il ajouté, précisant qu’il serait nécessaire «d’intégrer des jeunes et différents courants politiques».