Selon le New York Times, les informations sur les réserves d'armements nucléaires ont été fermées sans aucune explication, comme le révèle une lettre du ministère américain de l'Énergie en réponse à une requête de la Fédération des scientifiques américains — qui promeut la transparence dans les questions relatives à la sécurité nationale et demandait des précisions sur le nombre d'ogives nucléaires. «Les informations demandées ne peuvent être fournies à l'heure actuelle», a fait savoir le ministère.
D'après les informations publiées, au 1er mars 2017 les forces nucléaires stratégiques comptaient un total de 673 vecteurs stratégiques déployés, notamment des missiles intercontinentaux, des missiles embarqués par des sous-marins et des bombardiers lourds, à bord desquels se trouvaient à cette date 1.411 ogives nucléaires stratégiques. Au 5 février 2018, conformément au traité russo-américain sur la réduction des armes stratégiques (START-3), les deux États devaient disposer d'un maximum de 1.550 ogives en service. De plus, les restrictions portaient sur les missiles intercontinentaux, les missiles à bord de sous-marins et de bombardiers lourds, ainsi que les vecteurs. Le ministère russe des Affaires étrangères et le département d'État américain avaient annoncé avoir rempli les conditions du START-3 dans les délais impartis.
Selon les experts, la réticence de la Maison blanche à fournir ce genre d'informations témoigne de la volonté d'exercer une certaine pression sur la Russie et la Chine. Auparavant, les autorités américaines avaient critiqué plusieurs fois la confidentialité des réserves nucléaires chinoises. L'incertitude et l'opacité des programmes nucléaires coréens suscitent également la nervosité des Américains.
Les experts remarquent que le Pentagone aurait également pu classer confidentiel son arsenal nucléaire à cause de sa réduction en raison de l'obsolescence des matières actives. D'après les informations des sources ouvertes, les analystes concluent que les USA ne sont pas en mesure de conserver les mêmes capacités nucléaires — même dans les limites fixées par les accords avec la Russie.
Les États-Unis ont également besoin d'entretenir les charges thermonucléaires du Pentagone, qui se dégradent plus rapidement que celles au plutonium à cause du grand nombre de composantes utilisées et des matières fissiles. Par ailleurs, la production de tritium utilisé dans de telles munitions a été considérablement réduite: le réacteur civil Watts-1 n'a pu fournir qu'un tiers de la quantité nécessaire de tritium à cause de son usure. Les médias supposent que compte tenu du volume de tritium nécessaire annuellement pour renflouer les réserves et du rythme de retrait des anciennes ogives du service, les États-Unis disposent de suffisamment de tritium pour seulement deux ou trois cycles d'entretien de l'arsenal existant.
D'ici 2024 devrait être mise en service la bombe thermonucléaire modifiable polyvalente B61-12, qui sera embarquée par les bombardiers stratégiques et l'aviation tactique. La puissance de la B61-12 peut être réglée dans un intervalle de 0,3 à 400 kt. La modernisation se déroule officiellement afin de maintenir l'état opérationnel de l'arsenal. Mais selon le directeur des projets d'information nucléaire de la Fédération des scientifiques américains Hans Kristensen, la nouvelle version de la B61 sera la première bombe nucléaire guidée de l'armée de l'air américaine, et son déploiement deviendra la «modernisation la plus significative de l'Otan depuis les années 1980». Les médias occidentaux ont déjà rapporté que cette munition serait déployée en Europe après sa mise en service.
La classification des informations sur l'arsenal nucléaire change radicalement la pratique de transparence du ministère américain de la Défense dans ce secteur, qui avait duré neuf ans. Avec l'adoption début 2018 de sa nouvelle Doctrine nucléaire, le Pentagone recevra environ 400 milliards de dollars pour moderniser et renouveler sa triade stratégique d'ici 2026, et 1.200 milliards de dollars dans les trente prochaines années.
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