Armée européenne: la France «n’est pas disposée à partager» son armement nucléaire

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Dans une longue interview accordée au Parisien à l’occasion des élections européennes, Valéry Giscard d’Estaing, qui a toujours été un militant et un artisan réputé de l’UE, s’est exprimé sur l’idée de l’actuel locataire de l’Élysée de créer une armée européenne et sur le souhait de l’Allemagne d’avoir un siège en commun au Conseil de sécurité.

À l'occasion des élections européennes du 26 mai prochain, Valéry Giscard d'Estaing, Président de la République de 1974 à 1981, est sorti de son silence pour rencontrer des journalistes du Parisien et leur exposer sa vision de la crise des Gilets jaunes, du Brexit, mais aussi de la nécessité d'une armée européenne et des prétentions de l'Allemagne à un siège en commun avec la France au Conseil de sécurité de l'Onu.

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Interrogé sur l'idée d'Emmanuel Macron de créer une armée européenne, M.Giscard d'Estaing a déploré que l'Europe ait été le continent de la guerre pour les deux siècles précédents, jugeant qu'il est nécessaire d'éviter de donner au continent une silhouette guerrière.

«L'Europe doit être le continent de la paix… C'est une erreur de vouloir en faire aujourd'hui le continent d'une autre guerre», a-t-il affirmé.

Et d'ajouter: «En effet, ce n'est pas souhaitable. Et probablement pas réalisable.»

Il a expliqué ce caractère irréalisable par le fait que seuls quatre États membres sur 28 consacrent à peu près 2 % de leur PIB aux dépenses de Défense et que les 28 États membres ensemble dépensent moitié moins que les États-Unis.

VGE a précisé que dans les conditions actuelles parler de guerre signifiait inévitablement parler de guerre nucléaire.

«Or, dans la confédération européenne, une fois la Grande-Bretagne partie, la France est le seul pays à posséder un armement nucléaire, et n'est pas disposée à le partager. L'idée d'une armée européenne, de type classique, n'est pas réaliste», a-t-il détaillé.

Revenant ainsi sur la question du nucléaire, il a reconnu que la réaction à l'abandon du traité sur le nucléaire iranien était trop molle et qu'«il aurait fallu réagir plus vivement à la décision du Président des États-Unis».

«L'Europe veut afficher la paix, être le continent du respect du droit international», a-t-il signalé à cet égard.

L'ancien Président s'est montré formel quant à la demande allemande d'un siège commun au Conseil de sécurité de l'Onu.

«Je suis contre. Une liste a été faite à la fin de la guerre. Pour des raisons évidentes, l'Allemagne n'y figurait pas. Aujourd'hui, il y a un débat sur l'élargissement de cette liste, dans ce cadre nous soutenons et soutiendrons la demande de l'Allemagne. Mais pas question pour la France de transférer sa souveraineté», a-t-il déclaré.

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