Un rapport prévenait que Notre-Dame courait le danger d'un incendie... dès 2016

La presse transalpine a rendu public le rapport d’un chercheur italien du CNRS, spécialiste des structures dans les monuments historiques, datant de 2016 et alertant d’un risque majeur de catastrophe pour la cathédrale de Notre-Dame. Jugé trop sensible, le document a été classé…
Sputnik

Le risque d'un incendie susceptible de dévaster la charpente de la cathédrale de Notre-Dame de Paris avait été évoqué dès 2016 dans un rapport de l'universitaire Paolo Vannucci, spécialiste des questions d'ingénierie mécanique à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, annonçait le quotidien économique italien Il Sole 24 Ore le lendemain du drame.

Des artisans ayant travaillé à Notre-Dame déclarent ne pas arriver à comprendre l’incendie
Le rapport date de 2016 et avait été commandé par le Centre national français de la recherche scientifique (CNRS). Dans ce rapport, classé par la suite, le chercheur prévenait: «la concentration de poussière, stratifiée au cours des siècles, peut avoir un effet explosif. Effet pouvant être activé par un court-circuit ou simplement par des fils électriques des systèmes d'alarme de l'échafaudage utilisé pour les travaux de rénovation».

Dans un entretien au journal Marianne, M.Vannucci expliquait: «Le gouvernement Valls a estimé que rien ne devait filtrer des résultats de notre recherche, considérée comme sensible compte tenu des données que nous avions insérées dans ce rapport et aussi, des risques d'inspiration que nous avions également évoqués». Le risque d'incendie était particulièrement élevé, et son rapport préconisait des mesures qui n'ont jamais été prises, a-t-il confié au journal.

Un «parapluie» géant ouvert pour protéger Notre-Dame des intempéries
«Nous avions dit en effet qu'en cas d'attaque, le risque d'un embrasement de la toiture existait et qu'il fallait absolument la protéger et installer un système d'extinction, expliquait Paolo Vannucci à Marianne. En vérité, il n'y avait pratiquement aucun système anti-incendie, notamment dans les combles, où il n'y avait aucun système électrique pour éviter les risques de court-circuit et d'étincelles. J'imagine qu'on avait installé quelque chose de provisoire dans le cadre des travaux de réfection, mais je n'en suis pas sûr. Au niveau de la charpente, lorsque nous avons fait notre recherche, il n'y avait aucune protection. Seulement un point d'eau dans la petite cour située entre les deux tours, donc à l'extérieur de la charpente. Nous avions donc alerté le CNRS sur les risques d'incendie. Nous avions aussi dit que même la foudre aurait pu déclencher un feu et qu'il fallait donc installer tout un système de prévention.»

L'existence de ce rapport n'a pour l'heure pas été divulguée officiellement, souligne Le Temps dans un article consacré au rapport classé «confidentiel défense».

«Je ne comprends pas que l'on ne dise pas: "d'accord, nous avons un rapport certes sensible mais que nous pouvons tout de même utiliser". Pourquoi ne l'ont-ils pas fait? Je n'ai pas la réponse. À un moment donné, nous avons cessé de discuter avec le CNRS car nous avons compris que c'était inutile. […] Nous avions également organisé une réunion au ministère de l'Éducation nationale et il y avait des représentants de plusieurs ministères. Par conséquent, le gouvernement était tout à fait au courant», a indiqué le chercheur à Marianne.

Discuter