Un ex-colonel des services algériens détaille à Sputnik la lutte anticorruption en Algérie

Les deux généraux-majors arrêtés en Algérie étaient en «infraction grave à la réglementation» de l’armée, a déclaré à Sputnik un ex-colonel des services de renseignement algériens. Il a confié que la lutte anticorruption demandée par le chef de l’armée avait pour objectif de préparer un climat sein au bon déroulement de la prochaine présidentielle.
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Sur fond d'opération main propre à laquelle a appelé le chef d'État-major de l'Armée nationale populaire (ANP) algérienne, des poursuites judiciaires ont été engagées à l'encontre de deux généraux-majors à la retraite, ex-chef de régions militaires. En effet, un mandat de dépôt a été délivré à l'encontre de l'ancien commandant de la 2e région militaire, Bey Saïd, et un mandat d'arrêt a été émis à l'encontre de l'ex-commandant de la 1ère région, Chentouf Habib, informe un communiqué de la Cour d'appel militaire de Blida, à l'ouest d'Alger.

L’armée algérienne accuse l’ex-chef du renseignement, Toufik, «de conspiration»
Dans un entretien accordé à Sputnik, Abdelhamid Larbi Chérif, ex-colonel des services de renseignement algériens et expert sécuritaire et stratégique, a évoqué les raisons des décisions prises par le tribunal militaire à l'encontre de ces deux ex-hauts gradés. Il a par ailleurs expliqué l'objectif recherché par le chef d'État-major de l'ANP, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Slalah, qui appelle la justice à accélérer la prise en charge du dossier de la lutte contre la corruption dans le pays.

«Les deux généraux-majors n'ont pas été arrêtés pour des questions de corruption», a-t-il déclaré. «Lors de l'audition d'un homme d'affaires [Ali Haddad arrêté la semaine dernière, ndlr], ce dernier avait déclaré qu'il était en possession d'armes: deux pistolets automatiques de type Kalachnikov AK-47 et quatre autres armes de poing, également automatiques, fournis par ces deux ex-commandants en chef de régions militaires», a-t-il précisé, soulignant que cette action «est totalement illégale au vu de la réglementation militaire».

Le chef de l’armée algérienne dénonce un complot contre l’Algérie datant de 2015
Pour cet ex-colonel du renseignement, si ces hommes d'affaires «jugent nécessaire d'être armés, c'est à la police de s'en charger et non pas à l'armée». «C'est une infraction grave à la réglementation de l'Armée nationale populaire», a-t-il martelé.

S'exprimant sur la vague d'arrestations ayant touché des hommes d'affaires influents, une semaine après l'appel du chef d'État-major de l'ANP à la justice d'accélérer le traitement du dossier de la corruption, M.Larbi Chérif a affirmé que «ce fléau a atteint des niveaux très dangereux en Algérie». «On a une situation très grave qui porte même atteinte à la sécurité nationale», a-t-il ajouté.

Le puissant patron du groupe Cevital a été incarcéré en Algérie
Abdelhamid Larbi Chérif a rappelé que le haut commandement de l'ANP avait répondu positivement aux appels des Algériens à un changement radical du système politique. Il a également affirmé qu'«on ne peut pas aller vers des élections libres sans que la lutte contre la corruption ne soit engagée» et estime que l'objectif premier de l'opération de la lutte anticorruption demandée par le chef de l'armée est d'assainir la vie politique de l'argent sale. «Parce que la présence de cet argent dans les élections présidentielles va aboutir à l'élection d'un président qui ne répondra pas aux espoirs de changements des Algériens», a-t-il soutenu.

Pourquoi l’armée algérienne s’est exercée à balle réelle à la frontière libyenne? (vidéo)
Dans le sillage de l'appel du chef de l'armée, le tout puissant homme d'affaire algérien Issad Rebrab, PDG du groupe agroalimentaire Cevital, a été placé lundi 22 avril sous mandat de dépôt par le procureur de la République du tribunal de Sidi M'Hamed, à Alger, selon la presse locale. Le même jour, la télévision publique algérienne rapportait que les frères Kouninef, réputés proches de Saïd Bouteflika, le frère cadet de l'ex-président de la République, avaient également été arrêtés par la gendarmerie nationale. Par ailleurs, l'ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, et l'actuel ministre des finances, Mohamed Loukal, deux proches collaborateurs de Bouteflika, ont reçu une convocation en justice pour gaspillage de deniers publics et abus de pouvoir. Elle a été transmise officiellement lundi 22 avril par la gendarmerie nationale, rapporte l'APS.

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