L'espace saturé de satellites militaires: une guerre des étoiles à l'horizon?

Les États-Unis accusent la Russie et la Chine de transformer l'espace en champ de bataille et créent une force de l'espace. L'Inde a récemment abattu un satellite en orbite basse lors d'un exercice. La France élabore une «stratégie spatiale de défense». Le monde glisse-t-il vers une «guerre des étoiles»? LCI a demandé l'avis de deux spécialistes.
Sputnik

Les satellites devenant toujours plus nombreux dans l'espace, LCI a décidé de contacter deux spécialistes des questions de défense pour évoquer le problème de la course aux armements qui risquerait de déboucher sur une «guerre des étoiles».

«Si nous perdons la guerre dans l'espace, nous perdrons la guerre tout court», a déclaré en octobre dernier le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Philippe Lavigne, devant les députés, a rappelé LCI.

Pourtant, un Traité de l'espace, qui ambitionnait de démilitariser ce dernier, avait été signé dès 1967. Fin mars 2019, l'Inde est devenue la quatrième nation, après les États-Unis, la Chine et la Russie, à abattre un satellite en orbite basse lors d'un exercice.

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«Les forces armées modernes dépendent très largement des satellites, d'où l'intérêt d'avoir la capacité de détruire ces derniers afin de gêner l'adversaire en lui retirant sa capacité à écouter et voir depuis l'espace», a indiqué à la chaîne Jean-Vincent Brisset, ancien pilote de chasse, aujourd'hui directeur de recherche à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS).

Pour détruire un satellite, il existe deux types de technique, a-t-il poursuivi. Il est possible soit de tirer un missile balistique depuis le sol, soit de procéder à une collision délibérée. Pour paralyser un satellite sans le détruire, certains pays ont également développé des lasers pour l'aveugler ou l'endommager, mais «jusqu'à présent, nous n'avons pas connaissance d'attaques de ce type», a-t-il relevé.

M. Brisset souligne que le «but de ces expérimentations est surtout de décourager l'ennemi d'attaquer en lui montrant ses capacités offensives».

Selon les spécialistes, le point de départ de cette course à l'armement spatial est un tir de missile balistique réalisé par la Chine en 2007, sur l'un de ses satellites météo obsolète.

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«À la suite de cette démonstration de force, les États-Unis ont relancé leurs essais, avec l'idée que Pékin se préparait à une guerre spatiale à venir», a noté pour sa part Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique.

Il a rappelé que les États-Unis possédaient aujourd'hui 150 satellites militaires, que la Russie et la Chine en détenaient une cinquantaine, les trois pays étant suivis par le Japon puis la France, avec une flotte de 12 engins.

Dans ce contexte, Xavier Pasco a déclaré que le ministère des Armées se penchait depuis plusieurs mois sur la future «stratégie spatiale de défense» qui a été commandée en juillet 2018 par Emmanuel Macron. Le gouvernement a décidé d'y consacrer 3,6 milliards d'euros d'ici à 2025, a-t-il ajouté.

«Aujourd'hui, pour être une nation respectée sur la scène internationale, il est devenu nécessaire d'investir dans le militaire spatial», a souligné M.Pasco.

Avant de constater, se voulant rassurant:

«Nous ne sommes pas encore entrés dans une guerre spatiale.»

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En juin 2018, Donald Trump, résolu à prendre le leadership dans l'espace, avait ordonné au Pentagone de créer une Force de l'espace, nouvelle branche indépendante des Forces armées des États-Unis. En réponse à ces démarches, le chef d'état-major russe avait déclaré que si les Américains continuaient vers une militarisation de l'espace, la Russie serait obligée de prendre certaines mesures.

Suite au retrait des États-Unis du Traité FNI et à la sortie qui s'en est ensuivie de la Russie, Vladimir Poutine a annoncé l'intention de Moscou de renforcer son arsenal pour pouvoir se défendre face aux missiles de l'Otan, ainsi qu'en développer de nouveaux, tout en précisant que son pays ne serait plus impliqué dans la course aux armements.

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