S-400 de la discorde: «Ankara devrait examiner des sanctions contre les bases US»

Les déclarations du secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, concernant la Turquie sont ouvertement menaçantes et «absolument» inacceptables et devraient être faites «dans l'esprit de relations d'alliés entre nos pays», ont déclaré à Sputnik des experts turcs, revenant notamment sur l'achat par Ankara des système russes S-400.
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Lors d'un entretien avec le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a mis mercredi en garde son interlocuteur au sujet de «conséquences potentiellement dévastatrices d'une action militaire turque unilatérale» en Syrie et a fait savoir une nouvelle fois à Ankara l'inquiétude de Washington face à «un éventuel achat par la Turquie du système de défense russe S-400».

Le général de brigade à la retraite Naim Babüroglu, expert en stratégie militaire et professeur à l'université d'Istanbul, a constaté dans une interview à Sputnik que la déclaration de Mike Pompeo revêtait un caractère ouvertement menaçant et était contraire au protocole diplomatique.

«Le recours à une telle rhétorique par un pays membre de l'Otan est absolument inacceptable», a-t-il noté.

L’achat par la Turquie de S-400 est une «décision nationale», selon le SG de l’Otan
Il a rappelé que les forces armées turques avaient achevé les préparatifs de l'opération à l'est de l'Euphrate sur fond de «sérieux différends» entre Ankara et Washington, mais a souligné que la Turquie essaierait de régler le problème par la voie diplomatique.

Cemal Bekle, porte-parole de la commission parlementaire de défense nationale de Turquie, député du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir), a lui aussi commenté pour Sputnik ces propos.

«Nous estimons erronée […] la position des États-Unis qui exigent que la Turquie, qui possède d'importants engagements dans le cadre de l'Otan, se conforme unilatéralement aux principes d'allié. Nous sommes certains que les déclarations du département d'État doivent être faites dans l'esprit de relations d'alliés entre nos pays et en conformité avec celles-ci», a-t-il noté.

Cemal Bekle a mis en relief l'importance de la Turquie en tant qu'allié de l'Otan.

«Aujourd'hui, lorsque les relations entre la Turquie et les États-Unis jouent un rôle particulier pour l'avenir de l'Otan, une grande importance revient aux déclarations de Mevlut Cavusoglu au cours de la réunion, à Washington, des chefs de la diplomatie des pays membres de l'Alliance», a-t-il ajouté.

Ultimatum sur ultimatum: la Turquie répond aux USA sur les missiles S-400
Évoquant la nécessité de déplacer le tombeau de Suleiman Chah, Naim Babüroglu a souligné que la Turquie «agirait en coordination avec la Russie et, par son biais, avec les autorités syriennes».

«Après ce déplacement, Ankara devrait examiner l'adoption de sanctions contre les bases et d'autres ouvrages US en Turquie», a-t-il fait remarquer.

Les États-Unis exercent des pressions sur la Turquie pour qu'elle renonce à l'acquisition des systèmes russes S-400, menaçant de refuser de lui livrer des chasseurs F-35.

Lors de la réunion ministérielle de l'Alliance tenue le 4 avril à Washington, à l'occasion du 70e anniversaire de ce bloc militaire, son secrétaire général, Jens Stoltenberg, a reconnu qu'il s'agissait «d'un sujet de grand désaccord entre les alliés de l'Otan».

Signé fin 2017, le contrat russo-turc sur les S-400 prévoit la livraison de ces systèmes pour juillet 2019. Le ministre turc de la Défense nationale, Hulusi Akar, a récemment annoncé que la Turquie commencerait à déployer les S-400 sur son territoire en octobre 2019.

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