«L'enfer de Košare»: souvenir des parents d'un héros mort à la frontière albanaise en 1999

De longs combats se sont déroulés près du poste de contrôle de Košare lors des bombardements de l'Otan contre la Yougoslavie en 1999. Grâce au courage des défenseurs de la frontière, ces affrontements sont entrés à tout jamais dans l'histoire, tout comme les noms des 108 jeunes hommes qui ne sont jamais revenus du Kosovo. Parmi eux: Tibor Cerna.
Sputnik

Les altercations sanglantes entre les gardes-frontières kosovars et albanais, soutenus par les membres de l'Armée de libération du Kosovo (ALK), ont commencé avant les bombardements de l'Otan. Les gardes-frontières yougoslaves s'efforçaient de bloquer les livraisons d'armes d'Albanie vers le Kosovo.

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Les affrontements les plus violents et les plus longs à la frontière avec l'Albanie se sont déroulés près du poste de contrôle de Košare. Les combats n'ont pas cessé du 9 avril 1999 jusqu'à la fin de l'opération de l'Otan, c'est-à-dire jusqu'au 10 juin. Les combattants qui ont survécu près de Košare, qui ont réussi, malgré leur infériorité numérique, à bloquer le passage de terroristes albanais sur leur territoire, qualifient les événements de l'époque d'«enfer de Košare».

Les membres de l'ALK avaient tenté, par une attaque surprise, de provoquer l'armée yougoslave à riposter, la faisant sortir dans une zone dégagée où l'aviation de l'Otan pourrait facilement les éliminer.

Le 24 juin 1998, Tibor Cerna, un jeune Hongrois du village de Debeljaca, de la Voïvodine de Serbie, a quitté sa famille et son groupe de folklore où il jouait du synthétiseur pour s'engager dans l'armée de son propre gré. Il a été envoyé au Kosovo: d'abord à Pec, puis plus loin au sud vers la frontière avec l'Albanie, à Dakovica.

La formation militaire des nouvelles recrues aurait dû durer six mois, mais il s'est retrouvé sur le front seulement deux mois après s'être engagé.

«Pendant les classes ils maniaient déjà des Scorpions (des fusils automatiques tchèques construits sous licence en Yougoslavie dans les années 1980) et à la fin de la formation ils étaient prêts à 100% pour la guerre. Nous aurions pu l'empêcher de partir sur le front en faisant appel à des connaissances haut placées. Mais il était têtu. Et il est revenu du Kosovo à la maison dans un cercueil», se souvient son père, Jozef Cerna.

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Des jeunes d'à peine 18-22 ans se sont battus jusqu'au bout pour Košare contre les forces largement supérieures de l'ennemi. Ils se trouvaient sous le feu des chars, des mortiers et des bombes de l'aviation de l'Otan. Leur mission consistait à défendre la frontière à tout prix.

«Ils rampaient dans la neige, creusaient des tunnels, des fossés. Ils n'avaient rien pour se réchauffer. Parfois, ils ne mangeaient ni ne buvaient pendant trois jours. Parfois, ils n'avaient même plus de munitions. Pour l'armée, ils étaient un «dommage collatéral», ils étaient considérés comme perdus depuis longtemps», se souvient le père de Tibor.

Jozef Cerna, père de Tibor Cerna

En ce jour tragique, près de la tranchée où s'étaient mis à couvert le chef de la section d'infanterie de Tibor Cerna et ses camarades, une grenade a atterri au milieu du groupe de volontaires. Cerna est sorti de la tranchée pour les aider et a immédiatement été touché par une balle dans la poitrine. C'était un tir de sniper.

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«Il voulait sortir pour traîner les volontaires dans sa tranchée parce qu'ils avaient demandé de l'aide. L'ordre était de ne pas sortir de l'abri. Mais Tibor est tout de même sorti. Il a dit à ses camarades: «Vous n'avez pas à me suivre. J'y vais.» Et il y est allé. On dit qu'il a essayé de panser sa blessure, qu'il avait même sorti un pansement, puis qu'il est tombé à genoux et a perdu connaissance», raconte Kata Cerna, la mère du héros.

Grièvement blessé, Tibor a réussi à tenir le coup jusqu'au second tir, qui l'a touché au coup. Son sacrifice a permis de révéler la position du tireur d'élite ennemi et de l'éliminer.

Les parents de Tibor Cerna

«Selon mes informations, mon fils n'a pas été tué par un Albanais mais par un mercenaire. Je ne sais pas. Mais on dit que des mercenaires étrangers ont combattu ici, qu'il a été tué par un mercenaire d'un pays occidental», poursuit Kata.

Les informations officielles sur les pertes de l'Armée de libération du Kosovo (ALK) terroriste témoignent également de la participation de légionnaires étrangers aux combats de Košare. Deux militaires de l'Otan figurent également parmi les défunts.

«Je suis moi-même à moitié Allemande. J'ai écrit à mes proches après la mort de Tibor: ce peuple souffre à nouveau à cause de vous, et mon fils a souffert avec lui. Et peu importe que je ne sois pas Serbe. Je suis née ici, mon père est né ici et ma grand-mère est née ici», raconte la mère de Tibor.

Le recours à la force «nécessaire et légitime»
Quelques jours après la mort de Tibor, l'armée yougoslave a lancé une contre-offensive contre les terroristes de l'ALK afin de reprendre les positions près de Košare. Mais l'aviation de l'Otan a lancé des bombes à sous-munitions sur eux. Plus de 40 soldats ont été blessés, et 8 d'entre eux sont morts.

Le corps de Tibor Cerna a été remis à sa famille en l'absence de responsables militaires, et a été enterré sans les honneurs militaires. Mais l'État n'a pas oublié Tibor et ses camarades. Ils ont tous été décorés pour leur courage, et une statue de Cerna a été érigée dans son village natal de Debeljaca.

Une statue de Tibor Cerna érigée dans son village natal de Debeljaca
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