Les altercations sanglantes entre les gardes-frontières kosovars et albanais, soutenus par les membres de l'Armée de libération du Kosovo (ALK), ont commencé avant les bombardements de l'Otan. Les gardes-frontières yougoslaves s'efforçaient de bloquer les livraisons d'armes d'Albanie vers le Kosovo.
Les membres de l'ALK avaient tenté, par une attaque surprise, de provoquer l'armée yougoslave à riposter, la faisant sortir dans une zone dégagée où l'aviation de l'Otan pourrait facilement les éliminer.
Le 24 juin 1998, Tibor Cerna, un jeune Hongrois du village de Debeljaca, de la Voïvodine de Serbie, a quitté sa famille et son groupe de folklore où il jouait du synthétiseur pour s'engager dans l'armée de son propre gré. Il a été envoyé au Kosovo: d'abord à Pec, puis plus loin au sud vers la frontière avec l'Albanie, à Dakovica.
La formation militaire des nouvelles recrues aurait dû durer six mois, mais il s'est retrouvé sur le front seulement deux mois après s'être engagé.
«Pendant les classes ils maniaient déjà des Scorpions (des fusils automatiques tchèques construits sous licence en Yougoslavie dans les années 1980) et à la fin de la formation ils étaient prêts à 100% pour la guerre. Nous aurions pu l'empêcher de partir sur le front en faisant appel à des connaissances haut placées. Mais il était têtu. Et il est revenu du Kosovo à la maison dans un cercueil», se souvient son père, Jozef Cerna.
«Ils rampaient dans la neige, creusaient des tunnels, des fossés. Ils n'avaient rien pour se réchauffer. Parfois, ils ne mangeaient ni ne buvaient pendant trois jours. Parfois, ils n'avaient même plus de munitions. Pour l'armée, ils étaient un «dommage collatéral», ils étaient considérés comme perdus depuis longtemps», se souvient le père de Tibor.
En ce jour tragique, près de la tranchée où s'étaient mis à couvert le chef de la section d'infanterie de Tibor Cerna et ses camarades, une grenade a atterri au milieu du groupe de volontaires. Cerna est sorti de la tranchée pour les aider et a immédiatement été touché par une balle dans la poitrine. C'était un tir de sniper.
Grièvement blessé, Tibor a réussi à tenir le coup jusqu'au second tir, qui l'a touché au coup. Son sacrifice a permis de révéler la position du tireur d'élite ennemi et de l'éliminer.
«Selon mes informations, mon fils n'a pas été tué par un Albanais mais par un mercenaire. Je ne sais pas. Mais on dit que des mercenaires étrangers ont combattu ici, qu'il a été tué par un mercenaire d'un pays occidental», poursuit Kata.
Les informations officielles sur les pertes de l'Armée de libération du Kosovo (ALK) terroriste témoignent également de la participation de légionnaires étrangers aux combats de Košare. Deux militaires de l'Otan figurent également parmi les défunts.
«Je suis moi-même à moitié Allemande. J'ai écrit à mes proches après la mort de Tibor: ce peuple souffre à nouveau à cause de vous, et mon fils a souffert avec lui. Et peu importe que je ne sois pas Serbe. Je suis née ici, mon père est né ici et ma grand-mère est née ici», raconte la mère de Tibor.
Le corps de Tibor Cerna a été remis à sa famille en l'absence de responsables militaires, et a été enterré sans les honneurs militaires. Mais l'État n'a pas oublié Tibor et ses camarades. Ils ont tous été décorés pour leur courage, et une statue de Cerna a été érigée dans son village natal de Debeljaca.