Exactions gouvernementales et séparatistes au Cameroun, HRW appelle l’Onu à la rescousse

Un nouveau rapport de Human Rights Watch dénonce des attaques contre les civils camerounais, menées aussi bien par les séparatistes anglophones que par les forces de l’ordre. Dans son document publié le 28 mars, l’organisation de défense des droits de l’homme réclame une intervention du conseil de sécurité de l’Onu.
Sputnik

«Les membres du Conseil de sécurité de l'Onu devraient formellement ajouter la question du Cameroun à l'ordre du jour du Conseil, demander au Secrétaire général de l'Onu l'organisation d'une réunion d'information sur cette situation, et indiquer sans équivoque que les responsables d'atteintes graves aux droits humains risquent de faire l'objet de sanctions», peut-on lire dans un rapport de Human Rights Watch (HRW) rendu public jeudi 28 mars.

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L'organisation de défense des droits de l'homme dénonce dans ce nouveau rapport des attaques contre les civils camerounais, menées aussi bien par les séparatistes anglophones que par les forces de l'ordre. D'après HRW, 170 civils et 31 membres des forces de sécurité ont été tués et des centaines d'habitations ont été incendiées dans des violences, au cours des six derniers mois.

«Les forces gouvernementales ont tué plusieurs dizaines de civils, recouru à la force de manière indiscriminée et incendié des centaines d'habitations au cours des six derniers mois dans les régions anglophones du Cameroun», a souligné Human Rights Watch.

L'ONG n'épargne pas non plus les séparatistes anglophones:

Durant cette même période, «des séparatistes armés ont attaqué et enlevé des dizaines de personnes, exécutant au moins deux hommes, dans un climat marqué par une violence croissante et par la multiplication des appels à la sécession des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest».

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Le rapport de Human Rights Watch s'appuie sur les informations relayées dans les médias et des enquêtes sur le terrain. HRW «a interrogé 140 victimes, membres de leurs familles et témoins entre décembre et mars, dont 80 en personne dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en janvier». L'ONG appelle les chefs séparatistes à immédiatement ordonner à leurs combattants et à leurs sympathisants de mettre fin à toutes les atteintes aux droits humains et à cesser d'entraver la scolarité des enfants anglophones.

«Les autorités camerounaises sont dans l'obligation d'apporter une réponse conforme au droit et de protéger les droits des populations pendant les périodes de violence», a de plus déclaré Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale de HRW, tout en prescrivant une enquête sur les différents crimes commis dans la région.

«Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies devrait demander au Bureau du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) ou à d'autres experts de l'Onu de mener une mission exploratoire sur les allégations d'atteintes aux droits humains au Cameroun», a plaidé l'organisation.

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Pour l'instant, le gouvernement camerounais n'a pas encore répondu à ce rapport qui accuse notamment ses forces armées. Par ailleurs, au sujet de cette violente crise humanitaire, l'agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) lançait déjà mardi 26 mars un appel aux bailleurs de fonds pour recueillir près de 163 millions d'euros afin de venir en aide à quelque 437.000 Camerounais déplacés à cause de ce conflit.

Fin 2017, après un an de protestation, des séparatistes ont pris les armes contre Yaoundé. Depuis, les deux régions anglophones sont le théâtre d'un violent conflit armé. Des combats opposent régulièrement l'armée, déployée en nombre, à des groupes de séparatistes armés qui, cachés dans la forêt équatoriale, attaquent gendarmeries et écoles et multiplient les kidnappings. Selon l'Onu, 437.000 personnes ont été déplacées au Cameroun à cause de ce conflit et plus de 35.000 autres ont fui au Nigeria voisin.

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