«Les membres du Conseil de sécurité de l'Onu devraient formellement ajouter la question du Cameroun à l'ordre du jour du Conseil, demander au Secrétaire général de l'Onu l'organisation d'une réunion d'information sur cette situation, et indiquer sans équivoque que les responsables d'atteintes graves aux droits humains risquent de faire l'objet de sanctions», peut-on lire dans un rapport de Human Rights Watch (HRW) rendu public jeudi 28 mars.
«Les forces gouvernementales ont tué plusieurs dizaines de civils, recouru à la force de manière indiscriminée et incendié des centaines d'habitations au cours des six derniers mois dans les régions anglophones du Cameroun», a souligné Human Rights Watch.
L'ONG n'épargne pas non plus les séparatistes anglophones:
Durant cette même période, «des séparatistes armés ont attaqué et enlevé des dizaines de personnes, exécutant au moins deux hommes, dans un climat marqué par une violence croissante et par la multiplication des appels à la sécession des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest».
«Les autorités camerounaises sont dans l'obligation d'apporter une réponse conforme au droit et de protéger les droits des populations pendant les périodes de violence», a de plus déclaré Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale de HRW, tout en prescrivant une enquête sur les différents crimes commis dans la région.
«Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies devrait demander au Bureau du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) ou à d'autres experts de l'Onu de mener une mission exploratoire sur les allégations d'atteintes aux droits humains au Cameroun», a plaidé l'organisation.
Fin 2017, après un an de protestation, des séparatistes ont pris les armes contre Yaoundé. Depuis, les deux régions anglophones sont le théâtre d'un violent conflit armé. Des combats opposent régulièrement l'armée, déployée en nombre, à des groupes de séparatistes armés qui, cachés dans la forêt équatoriale, attaquent gendarmeries et écoles et multiplient les kidnappings. Selon l'Onu, 437.000 personnes ont été déplacées au Cameroun à cause de ce conflit et plus de 35.000 autres ont fui au Nigeria voisin.