Le classement des armées les plus puissantes a été publié par le site Web Global Firepower (GFP) sur fond de tensions régionales accrues en raison de la crise politique au Venezuela. Bien que les gouvernements régionaux écartent l'éventualité d'une ingérence militaire, les pressions de la part des États-Unis engendrent des suppositions sur un tel scénario.
Dans un entretien accordé à Sputnik, le professeur à l'université Veiga de Almeida (UVA) Tanguy Baghdadi, spécialiste des relations internationales, a avoué sa préoccupation par un éventuel conflit militaire au Venezuela, pays voisin du Brésil.
«Si un conflit éclate, les conséquences en seront bel et bien catastrophiques. Ce que nous observons à présent au Venezuela avec Maduro, nous l'avons déjà vu plus d'une fois par le passé», a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
Évoquant des scénarios théoriquement possibles au Venezuela, l'expert considère un conflit militaire comme un danger pour le Brésil qui a une assez longue frontière avec le Venezuela.
«Nous avons avec le Venezuela une frontière longue d'à peu près 2.000 km. Il est bon que l'accès n'y soit pas facile, […] mais le risque de très graves conséquences pour le Brésil serait grand», affirme l'universitaire.
Par ailleurs, il conteste le leadership du Brésil dans le classement des armées les plus puissantes en Amérique latine.
«Ce classement dit que le Brésil est la plus grande puissance militaire de la région, mais n'affirme pas que ses forces armées sont bien équipées. Nous avons un important budget militaire, mais je ne sais pas si le Brésil est prêt à une guerre qui risquerait d'être longue», a expliqué M.Baghdadi.
Et de rappeler que le Venezuela avait reçu encore du temps de Chavez et bien avant beaucoup de matériel militaire de fabrication russe et avait de très puissants alliés notamment la Russie et la Chine, mais aussi la Turquie.
«On ne doit pas sous-estimer la Turquie qui est la deuxième armée de l'Otan, après les États-Unis», a relevé l'interlocuteur de Sputnik.
Il signale que quant aux relations quelque peu fragilisées entre le Président Maduro et les militaires, elles seraient vite rétablies en cas d'invasion de l'extérieur, et l'armée se lèverait alors immédiatement à la défense du pays, telle étant la fonction des forces armées.
Dans le contexte de crise politique que traverse le Venezuela, l'opposition a promis aux soldats locaux et aux membres de la Garde nationale 20.000 dollars (17.500 euros) pour leur désertion. Le ministre vénézuélien de la Défense, Vladimir Padrino Lopez, a déclaré que les personnes bernées n'étaient pas nombreuses.
La crise politique au Venezuela a éclaté quand l'opposant Juan Guaido, renvoyé le 22 janvier du poste de président de l'Assemblée nationale vénézuélienne sur décision de la Cour suprême, s'est autoproclamé le lendemain «Président en exercice du pays» et a prêté serment au cours d'une manifestation. Donald Trump l'a alors reconnu comme «Président par intérim».
Une quarantaine de pays, dont la Colombie, le Royaume-Uni et l'Allemagne, en ont fait de même. La France l'a également reconnu comme «Président en charge». Le Président Nicolas Maduro a qualifié Juan Guaido de pantin des États-Unis. Des pays tels que la Chine, la Russie, la Turquie ou le Mexique ont quant à eux apporté leur soutien au gouvernement en place.