Député souverainiste du Bloc québécois: «les luttes des peuples durent longtemps»

Le Bloc québécois défend les intérêts du Québec au Parlement fédéral canadien. Ce parti souverainiste a déjà eu 54 sièges à Ottawa, mais il n’est plus représenté que par 10 députés. Parviendra-t-il à remonter la pente lors du prochain scrutin? Sputnik s’est entretenu avec Xavier Barsalou-Duval, député du Bloc à Ottawa.
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Connaissez-vous le Bloc québécois? Ce parti a déjà compté 54 députés à la Chambre des communes à Ottawa. En 1993, il avait même réussi à former l'opposition officielle en profitant de la division du vote au Canada anglais. Un véritable tour de force. Fondé en 1991, son objectif a toujours été de défendre les intérêts du Québec français face à la fédération canadienne.

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Au Canada anglais, ce parti demeure controversé, car il représente la voie souverainiste à Ottawa. Certains l'accusent donc d'utiliser les institutions fédérales pour promouvoir l'indépendance du Québec. Malgré cela, de nombreux Québécois jugent son rôle essentiel, même s'il a perdu des plumes dans les dernières années. Quel est l'avenir du Bloc québécois et surtout, quelles sont ses priorités en vue de l'élection fédérale prévue à l'automne 2019? Pour en savoir plus, Sputnik s'est entretenu avec Xavier Barsalou-Duval, député du Bloc à Ottawa.

M. Barsalou-Duval pense que sa formation peut passer de 10 à 20, voire à 30 députés aux prochaines élections fédérales. Évidemment, M. Barsalou-Duval se doit d'être optimiste d'un point de vue stratégique, mais appuie ses prédictions sur la place importante qu'a occupée le Bloc dans l'histoire du Québec. Le Bloc vient aussi d'élire son nouveau chef, Yves-François Blanchet, ce qui pourrait lui donner un nouvel élan.

«Il y a un enracinement profond du Bloc québécois au Québec, qui bien sûr n'est pas acquis, qui est remis en question, mais ça n'empêche pas que cet enracinement soit profond. C'est une marque qui a une valeur, c'est une référence à laquelle les gens font confiance», a affirmé le député du Bloc en entrevue avec Sputnik.

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Malgré la baisse de popularité de l'option souverainiste au Québec, M. Barsalou-Duval estime que la souveraineté du Québec est un idéal indémodable, qui reviendra un jour ou l'autre sur le devant de la scène:

«Les luttes des peuples durent longtemps, ça peut durer 20 ans, 50 ans ou 100 ans. Quand on se bat pour une cause que l'on croit importante, on ne change pas d'opinion en fonction des sondages, on se bat pour nos convictions», a souligné Xavier Barsalou-Duval.

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Le député bloquiste affirme que la défense de la nation québécoise devient encore plus d'actualité un contexte marqué par l'effacement des frontières économiques, mais aussi physiques des États, avec notamment les diverses crises migratoires. Il n'apprécie pas que des multinationales imposent leur vision du monde aux États. «Je fais partie de ceux qui ont des réserves par rapport à ça et qui se disent que c'est inquiétant», a confié le député bloquiste à Sputnik.

«La mondialisation est liée au fait que les frontières ont tendance à tomber avec les accords de libre-échange. Les multinationales prennent de plus en plus d'importance et dictent un peu les politiques des différents pays dans le monde, ce qui devient parfois dangereux», a dénoncé Xavier Barsalou-Duval.

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Le député bloquiste donne l'exemple d'Amazon et critique le gouvernement de Trudeau qui se serait laissé influencer par ce géant de la vente au détail. Il rappelle que des lobbyistes d'Amazon ont versé 20.000$ (13.250 euros) au Parti libéral du Canada afin de se faciliter l'accès au gouvernement. L'objectif d'Amazon au Canada: étendre son réseau dans le secteur de l'alimentation et développer des services dans les domaines bancaire et pharmaceutique. M. Barsalou-Duval dénonce l'emploi de ces méthodes et les visées de certaines transnationales qui remettent en cause la souveraineté des États.

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Poursuivant son raisonnement, le député pense qu'il est nécessaire de mener un grand débat sur l'immigration. Un débat qui n'aurait jamais vraiment eu lieu au Canada et au Québec, notamment en raison du poids du politiquement correct. Le député bloquiste ne se dit pas contre l'immigration, mais estime qu'il faut pouvoir en parler pour trouver un équilibre en la matière. Alors que les sondages indiquent qu'une majorité de Québécois sont favorables à une réduction des seuils d'immigration, le Bloc se pose en défenseur de cette majorité.

«On pense que l'immigration est une bonne chose, ça peut apporter beaucoup de bénéfices à une société. Cependant, il faut reconnaître que lorsqu'une société fait des débats sur ces sujets-là, elle a le droit de le faire. On a le droit de se demander combien d'immigrants on va accepter, de quelle façon on va les intégrer. Ce ne sont pas des questions anodines. Ce sont des questions importantes. De se faire taxer automatiquement de raciste quand on pose ces questions-là, c'est problématique.»

Enfin, Xavier Barsalou-Duval a tenu à redonner son appui aux francophones de l'Ontario dont les droits ont récemment été bafoués par le Premier ministre Ford, selon de nombreuses organisations. Il a aussi rappelé l'existence d'un certain racisme anti-québécois dans le Canada anglais, une situation qui dit le révolter. 

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