Bruno Le Maire s'est dit favorable à un «rachat provisoire» de l'usine Ford de Blanquefort le 19 décembre. Il y a quelques jours, Sputnik avait publié un article qui faisait le parallèle entre les réactions politiques d'Arnaud Montebourg et de Bruno Le Maire face à l'annonce de la fermeture des usines ArcelorMittal à Florange et Ford à Blanquefort. Sputnik a donc actualisé son article afin de prendre en compte les dernières déclarations de l'actuel locataire de Bercy.
Le 14 décembre dernier, dans des propos inhabituels pour le gouvernement de la «start-up nation», Bruno Le Maire s'en est violemment pris au constructeur automobile Ford, qu'il a accusé de «lâcheté» et de «trahison» et dont il a dénoncé les «mensonges».
La colère du ministre de l'Économie est due à la décision de Ford de «ne pas donner de suite favorable à la vente» de l'usine de Blanquefort, dans la Gironde, alors qu'un repreneur —le franco-belge Punch Powerglide- avait présenté une offre de reprise jugée «crédible» par Bercy à la suite d'une réunion entre l'intersyndicale, le potentiel repreneur et des représentants de l'État et approuvée par les salariés.
Une impuissance du ministre de l'Économie qui n'est pas sans rappeler celle d'Arnaud Montebourg face au dossier des hauts-fourneaux de Florange qu'avait voulu fermer ArcelorMittal. En septembre 2012, peu après sa nomination au poste de ministre du Redressement productif, le troisième homme de la primaire socialiste avait, comme l'a fait Bruno Le Maire le 11 décembre, demandé à ce que les hauts-fourneaux d'ArcelorMittal puissent être «repris par tout opérateur intéressé».
Pourtant, la reprise n'a eu lieu dans aucun des deux cas, du moins jusqu'à présent en ce qui concerne l'usine girondine de Ford. À l'instar d'ArcelorMittal, dont le comité central d'entreprise avait validé, le 1er octobre 2012, l'arrêt des hauts-fourneaux de Florange et la cessation d'activité du site, Ford a annoncé le 13 décembre la fermeture définitive de l'usine de Blanquefort.
Face aux «mensonges» du géant de l'acier, Arnaud Montebourg avait rapidement dégainé la menace de la nationalisation temporaire, expliquant que si ArcelorMittal n'était pas disposé à trouver un repreneur, l'État assurerait «l'intérim» le temps d'assurer la pérennité du site.
«La nationalisation temporaire est une solution d'avenir admise dans notre État de droit et acceptée par l'Union européenne», déclarait Arnaud Montebourg en décembre 2012.
Mais le ministre du Redressement productif avait ensuite été désavoué par Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre et avait été démissionné puis remplacé par… Emmanuel Macron, ce qui représentait «un virage à 180 ° sur la ligne politique» selon les mots de l'AFP. Le résultat a été la fermeture des hauts-fourneaux d'ArcelorMittal et la destruction des emplois qu'ils généraient.
Nous écrivions le 14 décembre qu'il était peu probable que Bruno Le Maire brandisse lui aussi la menace de la nationalisation, non seulement à cause de la ligne politique de l'exécutif, mais aussi du fait des déclarations de la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher, qui déclarait que l'intention de Bercy était simplement d' «insister pour que cette décision [de fermer l'usine de Blanquefort au lieu d'accepter l'offre de reprise, ndlr] soit revue».
Pourtant, loin de «baisser les bras» selon ses propres mots, Bruno Le Maire s'est montré favorable à un rachat provisoire de l'usine de Blanquefort le 19 décembre dernier. Le but de cette manœuvre, qu'il a qualifié de «solution [des] plus originales»: servir d'intermédiaire en rachetant l'usine à Ford pour la revendre à Punch Powerglide ensuite.
Pour une solution «originale», cela ressemble fortement à la «nationalisation temporaire» dont Arnaud Montebourg s'était fait le chantre, et qui lui avait valu de se faire remplacer par l'actuel Président de la République.