Moratoire sur la taxe carburant : «foutage de gueule», «les gens vont sortir des armes»

Edouard Philippe a annoncé des mesures visant à calmer la fronde populaire. Un moratoire de six mois sur la hausse de la taxe carbone sur l'essence a notamment été confirmé. Des mesures loin de calmer la colère des Gilets jaunes interrogés par Sputnik France. Ils soulignent qu’il est «trop tard» et que les revendications vont bien plus loin.
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«Nous n'allons pas nous contenter d'une miette, les Français souhaitent la baguette au complet.»

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Benjamin Cauchy, porte-paroles du collectif des «Gilets jaunes libres», a accueilli froidement l'annonce d'un moratoire de six mois sur la hausse des taxes sur le carburant. Et il est loin d'être le seul. Devant la colère populaire qui gronde de plus en plus et qui a plongé Paris dans le chaos le 1er décembre, l'exécutif se devait de réagir. Le Premier ministre Edouard Philippe a donc fait une série d'annonces le 4 décembre: suspension des trois mesures fiscales sur le prix des carburants pendant six mois, suspension des modalités du contrôle technique et suspension de l'augmentation des tarifs du gaz et de l'électricité durant l'hiver. De quoi calmer la colère? Pas vraiment. C'est ce qu'a confirmé Virginie à Sputnik France, une Gilet jaune active en Ile-de-France:

«Un moratoire n'est pas une annulation mais un report. Ils ont bien dit six mois? Nous ne sommes pas dupes. C'est juste histoire d'éviter que l'on revienne samedi prochain. Ils savent très bien ce qu'est la colère des Gilets jaunes et ils veulent simplement calmer le jeu. Ils nous prennent pour des cons? Dans six mois il se passe quoi? On fait repartir le mouvement? C'est maintenant qu'il faut agir pas dans six mois.»

L'état d'urgence contre les Gilets jaunes: «l'effet serait soit nul soit négatif»
Une urgence dont Christophe Chalençon, figure du mouvement dans le Vaucluse, s'est fait l'écho sur BFMTV. Il a qualifié le moratoire de «cacahuète». Il souhaite «un geste très fort» et une augmentation du Smic «tout de suite» car «le pouvoir d'achat, ce n'est pas dans trois mois que les gens le souhaitent».
Nouveaux appels à manifester

Virginie prévient que le mouvement «ne s'arrêtera pas» du fait que ces mesures «ne changeront pas le train de vie» des Gilets jaunes. Éric Drouet, l'une des figure de proue de la contestation a d'ores et déjà appelé à manifester samedi 8 décembre.

«Je pense que c'est du foutage de gueule. Ils ont écouté mais pas entendus. Dans six mois on recommence? De toute façon c'est trop tard. Le mouvement ne s'arrêtera pas. En annulant totalement la taxe ils auraient peut-être calmé quelques Gilets jaunes mais maintenant la colère est plus profonde», souligne à Spuntik France Charlotte, mère de famille et Gilet jaune des Alpes-Maritimes.

Ces milliers d’«agents russes» en gilets jaunes recensés partout en France
Ces revendications plus profondes ont été rappelées par Benjamin Cauchy à l'AFP avec notamment des «états généraux de la fiscalité», «une nouvelle répartition des richesses en France» et la mise en place de «référendums réguliers sur les grands enjeux sociétaux», parmi les nombreuses demandes.

​Virginie demande à «retrouver un pouvoir d'achat correct» et à ce que «les riches soient davantage taxés». Dans le cas contraire, elle affirme que le mouvement continuera. Pour Charlotte, les seules décisions susceptibles d'arrêter le tsunami jaune sont «la démission de Macron et la dissolution de l'Assemblée nationale».

Le soutien aux «gilets jaunes» ne faiblit pas malgré les scènes de violence
Dans les colonnes de Nice-Matin, Johnny Toulouse, un Gilet jaune très actif sur la Côte d'Azur, s'est montré très déçu du «pipeau» du gouvernement et prévient que la fronde sociale n'est pas prête de s'arrêter, bien au contraire:

«On est en guerre civile et il nous parle d'écologie: Mai 68, c'était des enfants de chœur. Aujourd'hui, les gens vont sortir des armes. Le mouvement ne va faire que s'amplifier. Nous, on est un groupe pacifique mais si on doit monter d'un cran, on sera obligés de le faire. Il faut trouver une issue et là, on en est très, très loin. On attend du réel, pas que de belles paroles. Alors on va continuer à se mobiliser ce week-end, et le week-end d'après. Le gouvernement nous prend pour des vaches à lait, il ne comprend rien à la musique: on va lui donner notre partition!»

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