Ces milliers d’«agents russes» en gilets jaunes recensés partout en France

© SputnikManifestation des gilets jaunes le 1 décembre 2018 à Paris
Manifestation des gilets jaunes le 1 décembre 2018 à Paris - Sputnik Afrique
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Certains intellectuels français ont cherché à faire endosser au Kremlin la responsabilité du mouvement des Gilets jaunes, l’accusant, tantôt d’organiser «une petite guerre civile» en France, tantôt de vouloir lancer une «opération de déstabilisation». Et si quelqu’un se demandait quand les Russes pointeraient leur nez, le complotisme est déjà là…

Sacré Poutine! La Main du Kremlin se met en jaune. Sinon, comment expliquer la mobilisation de 136.000 Gilets jaunes rien que samedi dernier en France pour dénoncer une crise politique majeure, partie d'une hausses des taxes sur les carburants et dégradée en une vague de contestation générale face au gouvernement?

Alors que 72% des Français soutiennent les manifestants, selon un sondage Harris Interactive pour RTL et M6, on retrouve parmi les «intellectuels» «journalistes» et «politiques» français des personnes qui n'hésitent pas à voir un coup du Kremlin derrière cette mobilisation d'ampleur.

«Poutine est à la manœuvre. Une petite guerre civile en France ferait bien ses affaires», a conclu Brice Couturier, journaliste et présentateur sur France Culture, en commentaire de photos faisant état des débordements survenus le 1er décembre place de l'Étoile.

N'en déplaise à M.Couturier, cette fois, Emmanuel Macron s'est bien débrouillé tout seul. Avec 1,65 million de smicards (2017), une députée LREM qui sèche sur le montant du Smic face aux Gilets jaunes et 3,718 millions de chômeurs à travers le pays, pas besoin d'aller jusqu'au Kremlin pour chercher le responsable. Rappelons d'ailleurs la moquette de l'Élysée à 300.000 euros et la vaisselle du palais à 500.000. Tout cela, sans citer encore Benalla qui, pour mémoire, n'a jamais affiché un lien quelconque avec la Russie.

Le pire est que Brice Couturier n'a pas été le seul à se livrer au complotisme face à la colère sociale.

Nicolas Tenzer, écrivain et président fondateur du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique (CERAP), a retweeté une photo montrant une journaliste de RT France en casque durant la manifestation du 1er décembre, l'accompagnant du commentaire: «Profiter de ces mouvements pour lancer des opérations de subversion/déstabilisation: classique de la propagande du Kremlin». Sans citer pourtant aucun exemple à l'appui de ses dires, le fonctionnaire a tout de même déchargé le Président russe de la responsabilité pour la mobilisation. Un petit brin de lucidité?

​Quant à la couverture médiatique, les «gilets jaunes» ont clairement, et non sans violence, laissé entendre leur mécontentement envers le travail des journalistes des grands groupes médiatiques français.

La Main du Kremlin se reposait en paix alors que les Gilets jaunes scandaient «BFM enc**és», accusant le média d'être «Télé Macron». Après de nombreux incidents, les reporters de la chaîne ont dû travailler sous la protection d'agents de sécurité.

À la lumière de ces éléments, les reproches lancés à l'encontre de RT France par Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) semblent de plus en plus ridicules. C'est le casque d'un journaliste de la chaîne qui a attiré l'attention du politologue. «Seuls les "reporters" de RT ont des casques de ce type, pour suggérer que «la France est en guerre», a-t-il tweeté.

​Les images de BFM TV n'ont-elles pas été suffisamment rassurantes pour montrer toute la gravité de la guérilla qu'a vécue Paris samedi? Qu'il jette alors un œil sur les séquences réalisées par Sputnik sur les lieux en direct et sans coupures. Alors que des pavés et des projectiles volent de tous côtés et que les CRS usent de leurs matraques sans trop faire de distinction entre les casseurs, les manifestants et la presse, faut-il se demander pourquoi les journalistes cherchent à se protéger? Curieux d'ailleurs que M.Tertrais n'ait pas vu les reporters d'autres médias porter des casques pendant la manifestation. C'est l'occasion de se demander si le politologue sous-estime l'ampleur des violences ou s'il préfère fermer les yeux face à la colère des Gilets jaunes.

Gilets jaunes le 1 décembre 2018 à Paris - Sputnik Afrique
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Déconnectés de la réalité, embrouillés dans leurs théories du complot ou tout simplement sourds aux problèmes du peuple? Toutes ces personnes qui cherchent à rejeter sur la Main du Kremlin la responsabilité d'une mobilisation d'une rare ampleur ne font qu'aggraver la situation, élargissant plus encore le fossé qui les sépare des Français qui tentent de faire comprendre leur mécontentement aux autorités.

Voir la Main du Kremlin dans toute situation incommode pour les autorités frise l'absurdité. La crise des Gilets jaunes relève «de la politique intérieure de la France», a tranché aujourd'hui le Kremlin, répondant à ceux qui voient des «agents russes» sous chaque lit et abusent des accusations gratuites.

Personne n'a jamais été tué par un casque coiffant un journaliste qui, lui, se retrouve entre manifestants, casseurs et CRS. Quatre personnes sont, en revanche, décédées en marge de la mobilisation des Gilets jaunes. Et l'histoire ne semble pas encore finie.

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