Massacre de civils et guerre biologique
Débutant en mai 1946, le Tribunal s'est notamment penché sur les rôles assumés par les accusés durant les opérations de l'armée impériale nippone en Chine, en particulier après la prise de la ville de Nankin fin 1937 qui avait entraîné un massacre surréaliste de civils et le viol de dizaines de milliers de femmes et d'enfants par des soldats japonais.
Selon les chiffres officiels chinois, 300.000 personnes ont péri dans ce carnage qui reste jusqu'à présent un point de blocage dans les relations entre Pékin et Tokyo. Les survivants du massacre convoqués au Tribunal ont parlé de milliers de civils enterrés vivants, embrochés à la baïonnette ou décapités au sabre.
Histoire des sept pendus
Le 12 novembre 1948, le président du Tribunal de Tokyo, l'Australien William Webb, a proclamé la condamnation à mort par pendaison de sept accusés, dont deux anciens Premiers ministres Hideki Tojo et Koki Hirota, reconnus comme responsables des atrocités en Mandchourie et à Nankin, ainsi qu'un ancien ministre de la Guerre et quatre ex-généraux.
Le commandant de la force expéditionnaire japonaise en Chine Iwane Matsui, dont les divisions ont commis le massacre de Nankin, et le chef d'état-major de l'armée nipponne aux Philippines Akira Muto ont complété le macabre peloton.
Les défenseurs des condamnés ont introduit un recours auprès du général MacArthur qui a fini par confirmer la décision du Tribunal. Le 23 décembre 1948, les sept criminels ont été pendus dans la prison de Sugamo. Leurs corps ont été incinérés et leurs cendres dispersées au-dessus de la baie de Tokyo afin de prévenir toute commémoration ultérieure.
L'empereur Hirohito exonéré de toute responsabilité
Bien que les procureurs alliés aient monté un important dossier à l'encontre de l'empereur nippon Hirohito et que les recherches récentes confirment son implication directe dans la planification et la conduite de la guerre du Pacifique, ce dernier bénéficiait d'un soutien inébranlable de MacArthur qui ne voulait pas déstabiliser le pays en touchant à son symbole national.
Lorsque le général Tojo a déclaré devant le Tribunal que personne n'aurait osé aller contre la volonté de l'empereur, le procureur américain Joseph Keenan a suspendu la séance qui n'avait repris qu'après que le général eut accepté de dire que le monarque «avait consenti avec réticence à la guerre». Cette position s'inscrivait bien dans la politique visant à trouver des figures expiatoires afin d'innocenter le peuple et son empereur, présentés comme «victimes» de dirigeants indécents.