Oscar Rabin, le «patriarche de l'art non officiel» russe, n’est plus

«Même quand je peins Paris, on voit la Russie dans mes toiles», disait Oscar Rabin. L’un des maîtres reconnus du non-conformisme russe, le «le Soljenitsyne de la peinture», s’est éteint à Florence, dans sa 90e année.
Sputnik

Le souvenir de ses dernières apparitions publiques est encore vif… Oscar Rabin, l'un des plus grands peintres anticonformistes russes, était présent dans la salle Napoléonienne de la mairie d'Ajaccio, à l'occasion de l'inauguration de son exposition en Corse. Et même s'il se sentait à l'aise dans le cadre somptueux des fastes républicains, c'est un homme modeste que l'on rencontrait: l'artiste exposait à l'Espace Diamant d'Ajaccio, «au nom de la liberté».

Oscar Rabine, peintre anticonformiste à l’honneur
C'est également au nom de lutte pour la liberté d'expression qu'il fut l'initiateur en 1974, au cœur des années de plomb brejnéviennes, de l'exposition d'œuvres d'artistes non-conformistes sur un terrain vague de Belyayevo, un quartier-dortoir moscovite. Cette exposition mythique fut surnommée l'«Exposition Bulldozer», car elle fut détruite par ces engins envoyés par la ville, sous l'œil scrupuleux des services spéciaux soviétiques.

Poussé vers l'exil lors d'un voyage en France, le peintre se voit privé de sa la citoyenneté soviétique. Il acquiert en 1985 la nationalité française, vit et travaille à Paris. Ce ne sera que cinq ans plus tard que son droit à la citoyenneté soviétique sera rétabli par un décret du Président de l'URSS d'alors, Mikhaïl Gorbatchev. L'artiste a également obtenu la citoyenneté russe par le décret présidentiel de Vladimir Poutine du 3 novembre 2017.

Oscar Rabin est considéré comme l'un des artistes les plus influents de l'avant-garde soviétique d'après-guerre. Un des critiques français l'a surnommé «le Soljenitsyne de la peinture».

Les trois vies d'Oscar Rabine
«Son œuvre est marquée par un expressionnisme lyrique associé au travail de la matière et l'usage de collages, écrit Enguerrand Lascols. Les formes banales du quotidien s'agitent, se tourmentent et baignent dans un univers contemplatif sombre et mystérieux. Parfois viennent se poser des reproductions d'images imprimées, qui dialoguent avec le monde qui les entoure pour mieux le critiquer et ainsi proclamer cette ode à la liberté.»

«On me demande souvent si je suis heureux. C'est un peu bizarre à mon âge, mais oui je suis heureux, parce que tout ce dont je rêvais s'est réalisé», confiait en septembre dernier Oscar Rabin.

Les œuvres de Rabin se trouvent dans les collections de la Galerie Tretiakov à Moscou, du Musée Russe de Saint-Pétersbourg et du Centre Pompidou.

Oscar Rabin, âgé de 90 ans, sera enterré à Paris au cimetière du Père Lachaise.

 

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