Et c'était également le sens profond de tous les messages solennels qui lui ont été adressés et lus à l'occasion d'une réception en son honneur à la Résidence de l'ambassadeur de Russie.
«C'est un peintre russe, mais, du point de vue d'un Français, c'est un peintre parisien surtout, affirme Nicolas Hacquebart-Desvignes, qui présente depuis mars dernier plusieurs œuvres d'Oscar Rabine dans sa Librairie-galerie Atrbiblio, surtout quand on voit dans son œuvre les représentations de Montmartre, de Notre-Dame et du Centre Pompidou.
C'est un peintre de la ville, c'est un peintre urbain contemporain. Tout en appartenant par sa vie à un monde révolu, il est présent aujourd'hui et il travaille.»
À Moscou, Oscar Rabin appartenait à l'époque à «l'école Lianozov», un groupe d'expérimentateurs avant-gardistes, auquel appartenaient également Vladimir Nemoukhine, Evgueny Kropivnitski, les poètes Vsevolod Nekrasov, Igor Choline et le jeune Édouard Limonov.
Tout en étant, en apparence des «paysages urbains», les tableaux d'Oscar Rabine cachent une multitude de codes, seul le spectateur sensible aux valeurs de couleurs utilisées par le peintre, pourrait en déchiffrer la signification. On a beau reconnaître des harengs sur un journal, des bouteilles de vodka, des lampes à pétrole, des mégots de cigarettes, des choses habituelles qui tapissent le sol, aux couleurs passées et dans les tons froids, la clé du mystère de l'univers Rabin reste cachée pour le spectateur paresseux. Il faut scruter de près cet univers exagérément banal pour découvrir le sens de la narration, il faut plonger ses yeux dans les yeux jaunes des loups urbains pour essayer de découvrir la pensée cachée de l'animal… et du peintre…
«Quand on regarde ses tableaux, il a toujours quelque chose de mystérieux, affirme Nicolas Hacquebart-Desvignes, et c'est ce mystère qui intéresse les collectionneurs.»
Selon Marc Ivasilevitch, commissaire de l'exposition consacrée à Oscar Rabine qui s'ouvre le 4 avril au Grand Palais, pour ce peintre «classique dans son approche dans le travail des matières et dans son geste», on décèle immédiatement un esprit rebelle et caractère indépendant.
«Tout en vivant à Moscou dans une petite chambre minuscule d'une maison en bois, il a bâti son gigantesque royaume intérieur.»
D'après le commissaire, c'est cette liberté qui a poussé le peintre à s'exprimer dans son style particulier et provocateur. Mettre en scène sur ses tableaux des objets dignes de la poubelle, utiliser les collages et les techniques mixtes n'empêche pas le peintre d'être parfaitement respectueux de la religion et les objets religieux.
«Il est plein de respect devant le sacré», insiste Marc Ivasilevitch.
La première exposition de Rabin en Occident a eu lieu à Londres en 1965. Mais depuis, la reconnaissance de son œuvre ne faiblit pas. Le secret de cette reconnaissance est simple: «C'est à travers de mes tableaux que je m'exprime le plus totalement,» précise souvent l'artiste.
Et l'univers d'Oscar Rabine est passionnant.
Note: jusqu'au 14 avril, la Librairie-galerie Artbiblio, ainsi que la Galerie Michèle Hayem et La Transatlantique mettent également à l'honneur l'univers très particulier d'Oscar Rabine, qui vit à Paris depuis une trentaine d'années.