Cette «Apothéose de la guerre» qui est un appel éternel à la paix

CC0 / / L'Apothéose de la guerre, par Vassili Verechtchaguine
L'Apothéose de la guerre, par Vassili Verechtchaguine - Sputnik Afrique
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Les tableaux du célèbre peintre russe du XIXe siècle, Vassili Verechtchaguine représentent la guerre telle qu'elle est, nue et sans affect d'où leur actualité toujours frappante à notre époque. Sputnik a assisté à l'inauguration de la grande exposition de ses chefs-d'œuvre qui a débuté aujourd'hui à la Galerie Tretiakov de Moscou.

Une exposition sans précèdent du peintre russe Vassili Verechtchaguine (1842-1906) ouvre ses portes à la Galerie Tretiakov de Moscou. Jusqu'au 7 juillet, les amateurs d'Art auront la possibilité de voir dans un même espace ses tableaux qui évoquent dans leur grande majorité des sujets liés à la guerre et à la mort. Ils abordent ainsi les questions les plus existentielles.

© Sputnik . Ivan DubrovinLe portrait de Vassili Verechtchaguine, par Ivan Kramskoï
Le portrait de Vassili Verechtchaguine, par Ivan Kramskoï - Sputnik Afrique
Le portrait de Vassili Verechtchaguine, par Ivan Kramskoï

Sputnik s'est rendu sur place pour admirer les chefs-d'œuvre de Verechtchaguine et en parler avec la commissaire de l'exposition, Irina Choumakova qui explique en quoi l'Art français les a influencés et pourquoi ils sont tellement actuels aujourd'hui.

Après avoir appris parfaitement la technique de l'école russe de dessin, Verechtchaguine étudie pendant deux ans aux Beaux-Arts de Paris avec Jean-Léon Gérôme, l'un des principaux représentants de l'académisme du Second Empire. Mais le peintre russe a suivi «son propre chemin», souligne la conservatrice. Les différences entre son style et celui de son maître se manifestent surtout dans les tableaux consacrés aux sujets orientaux. Même si les sujets sont parfois les mêmes, leur visions de l'Occident divergent.

«L'orientalisme de Gérôme est plutôt décoratif, tandis que Verechtchaguine perçoit l'Orient de l'intérieur. Ici se trouve la différence dans la perception de l'Orient par la France et la Russie. L'Orient constitue une partie de la Russie. […] En plus, il s'agit de guerres auxquelles il a participé et des différences de cultures. L'Orient de Verechtchaguine est beaucoup plus dramatique que celui de Gérôme», estime-elle.

CC0 / / La Porte de la mosquée El-Hassanein au Caire par Jean Léon Gérôme (à gauche) et l'Affichage des trophées par Vassili Verechtchaguine (à droite)
La Porte de la mosquée El-Hassanein au Caire par Jean Léon Gérôme (à gauche) et l'Affichage des trophées par Vassili Verechtchaguine (à droite) - Sputnik Afrique
La Porte de la mosquée El-Hassanein au Caire par Jean Léon Gérôme (à gauche) et l'Affichage des trophées par Vassili Verechtchaguine (à droite)

Peintre officiel de l'armée russe, Verechtchaguine a eu à plusieurs reprises l'occasion de voir la mort en face.

«Il est impossible de présenter au public des images de la véritable guerre, si tu regardes les batailles à travers des jumelles depuis un beau pays lointain. Tu dois, toi-même sentir et faire toutes ces choses: participer aux attaques, aux assauts, aux expéditions, faire face à la faim, au froid, aux maladies, être blessé et ne pas avoir peur de te sacrifier. Sinon, tes tableaux seront de mauvaise qualité», écrivait le peintre dans ses mémoires consacrées à la guerre russo-turque de 1877-1878.

© Sputnik . Ivan DubrovinLes vaincus, par Vassili Verechtchaguine
Les vaincus, par Vassili Verechtchaguine - Sputnik Afrique
Les vaincus, par Vassili Verechtchaguine

Paradoxalement, une telle approche a rendu ses tableaux profondément antimilitaristes à telle point qu'il était parfois interdit aux soldats de visiter les expositions du peintre car son art anéantissait la ferveur belliqueuse des soldats.

«Cette exposition étonne et choque par son actualité. Cent ans après, nous sommes toujours dans les mêmes tranchées. Ce qui est le plus important, c'est le propos antimilitariste de Verechtchaguine. Ce n'est pas par hasard que notre exposition commence par la déclaration antimilitariste la plus forte de l'Art mondial. C'est l'Apothéose de la guerre. Le seul tableau qu'on peut comparer avec le chef d'œuvre Guernica de Picasso. C'est là, où l'Art russe et l'Art français s'accordent», a conclu la conservatrice.

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