En cas de sortie des États-Unis du Traité FNI, la Russie sera tout simplement contrainte de pointer ses missiles sur les pays qui autoriseront les Américains à redéployer sur leur territoire les missiles que Washington avait retirés en 1987, a estimé l'expert militaire Viktor Litovkine dans un entretien accordé à Sputnik.
«Et il s'agit pratiquement de tous les pays membres de l'Otan qui ont aujourd'hui perdu leur souveraineté. Par conséquent, l'Europe devra désormais vivre dans la ligne de mire des missiles russes. Cela concerne en premier lieu l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et, peut-être, l'Italie, des territoires où se trouvent des bases américaines. Dans de telles conditions, il faudra oublier toute perspective d'amélioration des relations entre la Russie et les Européens», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et d'expliquer que, sur le plan militaire, le Traité FNI était justement nécessaire pour écarter toute menace d'autodestruction mutuelle pour les deux parties.
«C'est que les missiles déployés en Europe pouvaient atteindre des cibles en Russie en l'espace de 8 à 10 minutes. Et vice versa. Les commandements militaires des deux parties n'auraient tout simplement pas le temps de prendre une décision réfléchie sur les démarches à entreprendre en cas de tir fortuit de missiles. Aussi, le démantèlement des missiles à portée intermédiaire a-t-il été un grand acquis à l'époque. Il a réduit la tension entre les deux parties, tout en renforçant leur confiance mutuelle», a relevé M.Litovkine.
Et de prévenir que le retrait des États-Unis du Traité FNI pourrait bien pousser la Russie et d'autres pays à accélérer la course aux armements.
«Cela leur permettrait d'équilibrer leurs forces avec celles des États-Unis qui veulent à tout prix dominer la planète, alors que ce traité empêchait manifestement leur hégémonie», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
Signé le 8 décembre 1987 par le Président américain Ronald Reagan et le secrétaire général du Parti communiste de l'URSS Mikhaïl Gorbatchev, le Traité FNI visait à détruire en trois ans les missiles d'une portée de 500 à 5.500 km.