Migrants: Alger tire la sonnette d’alarme quant à l’ampleur de la crise au Sahel

Le rapport de l’Onu sur la reconduction des migrants vers le Niger ne tient pas compte de l’ampleur de la crise migratoire dans la région. C’est ce qu’a indiqué, le 11 octobre, le directeur au ministère algérien de l’Intérieur en charge du dossier de la migration, en soulignant les dangers que ce phénomène comporte pour la sécurité du pays.
Sputnik

«L'Algérie enregistre l'entrée quotidienne de 400 migrants clandestins à partir des frontières sud. Certains de ces migrants constituent un danger pour l'ordre public et un grand nombre d'entre eux sont porteurs de maladies graves et contagieuses comme le sida et la tuberculose qui a fait son retour en Algérie». C'est ce qu'a affirmé, le 11 octobre, Hassan Kacimi, directeur central au ministère algérien de l'Intérieur en charge du dossier de la migration, dans un entretien accordé au site d'information arabophone Tout Sur l'Algérie (TSA).

«Il faut noter que 99 % des 35.000 migrants reconduits par l'Algérie aux frontières étaient "recrutés" par des réseaux de mendicité», a-t-il ajouté.

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Concernant les accusations portées, le 9 octobre, à l'adresse de l'Algérie par Felipe Gonzalez Morales, le rapporteur spécial du Conseil des droits de l'homme de l'Onu sur les droits des migrants, Hassan Kacimi a relevé que «les informations contenues dans ce rapport sur la reconduction des migrants venus du Niger sont fausses».

Selon lui, «le rapporteur Felipe Gonzalez Morales a puisé ces données auprès d'une partie qui n'a pas de crédibilité.» «Il s'agit des réseaux de trafic de migrants qui n'ont pas intérêt à ce que l'Algérie reconduise les migrants aux frontières parce qu'ils sont les premiers à en tirer profit», a-t-il précisé, en se demandant «comment peut-on solliciter un trafiquant pour vous donner des renseignements sur les reconductions faites par l'Algérie?»

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Tout en réaffirmant que son pays reconduisait les migrants vers le Niger dans le respect de la dignité humaine et dans le cadre des conventions et du droit international, le responsable algérien a pointé du doigt le fait que «le rapport de l'Onu n'a pas évoqué les réseaux de trafic de migrants qui sont basés à Agadez au Niger, où 14.000 véhicules sont utilisés par 7.000 trafiquants pour conduire les migrants clandestins vers l'Algérie et la Libye.»

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S'exprimant sur la nature de la mission du diplomate de l'Onu, M.Kacimi a souligné qu'«en tant que rapporteur onusien, il n'a pas la prérogative de menacer un État». «Ce qu'il a écrit dans son rapport est infondé. Il n'a relevé aucun point positif en faveur de l'Algérie alors que tout le monde sait que l'Algérie a fourni beaucoup d'efforts pour reconduire les migrants irréguliers en y consacrant un gros budget», a-t-il encore ajouté, en soutenant que la question des migrants était «devenue un moyen de pression utilisée contre les États pour les obliger à ouvrir des centres de rétention pour les sans-papiers et pour s'ingérer dans les affaires internes des pays.»

Dans ce sens, une délégation parlementaire canadienne, conduite par la sénatrice Raynell Andreychuk, a rappelé, le 11 octobre, à Alger, «le rôle joué par l'Algérie dans la défense des droits des réfugiés auprès de la Commissariat de l'Onu chargée de ce dossier humanitaire, ainsi que les efforts déployés dans le domaine des droits de l'Homme», lors d'une audience accordée par la vice-présidente du Conseil de la Nation (la chambre haute du Parlement algérien), Saâdia Nouara Djafar, selon un communiqué de cette institution cité par l'Algérie Presse service (APS).

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Pour rappel, le 9 octobre, Felipe Gonzalez Morales avait écrit dans son rapport remis à l'Onu: «J'appelle le gouvernement algérien à cesser immédiatement les expulsions collectives de migrants [africains] vers le Niger». «Les migrants sont raflés à leurs domiciles en pleine nuit […] sans même avoir le temps de s'habiller, de prendre leurs affaires et leurs économies», a-t-il ajouté. Ils sont emmenés dans des postes de police, «battus» puis déportés par bus vers la frontière du Niger, où ils doivent marcher pour rejoindre la ville la plus proche, accuse encore le rapport, en précisant que parmi ces derniers, de nombreux migrants «vivaient et travaillaient depuis plusieurs années en Algérie, où leurs enfants étaient nés et scolarisés».

L'Algérie, selon les statistiques de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), a expulsé vers le Niger 35.600 Nigériens depuis 2014 — dont plus de 12.000 depuis le début de l'année 2018 — ainsi que plus de 8.000 migrants venus d'Afrique de l'Ouest depuis septembre 2017.

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