La France s'est toujours rangée du côté du Maroc concernant la question du conflit au Sahara occidental, tout comme elle n'a pas fait d'efforts pour aider l'Algérie indépendante à se développer, a déclaré le 10 octobre Bernard Bajolet, l'ancien ambassadeur de France à Alger et ex-chef de la DGSE sous Nicolas Sarkozy, dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Jeune Afrique, tout en affirmant qu'il ne parle qu'en son nom et qu'il n'est «mandaté par personne».
S'exprimant sur les critiques des autorités algériennes quant à la constance de la position française dans son soutien au plan d'autonomie marocain pour la résolution du conflit au Sahara occidental, l'ancien diplomate a déclaré: «bien sûr, et ce n'est pas faux». «Les Algériens nous reprochent de toujours défendre la position marocaine, que m'a d'ailleurs dit dès le départ le Président Bouteflika, sans animosité aucune. Je ne pouvais pas lui donner totalement tort», a-t-il affirmé. «Je lui ai répondu qu'il ne s'agissait pas d'un parti pris mais de la conviction, en France, que l'affaire du Sahara était plus vitale pour le Maroc, plus importante pour sa stabilité, que ce n'était le cas pour l'Algérie», a-t-il encore précisé.
Évoquant la période coloniale et l'épineuse question de la mémoire entre les deux États, en particulier le reproche fait par les Algériens à la France d'être la cause du sous-développement de leur pays, M.Bajolet a fait savoir que «lors du premier séjour que j'y ai effectué, dans les années 1970 [en tant qu'ambassadeur, ndlr], j'étais irrité qu'on mette tous les malheurs de ce pays sur le compte de la France. À mon retour, en 2006, j'étais un peu plus nuancé». «La France n'a rien fait pour aider l'Algérie à décoller. À aucun moment, elle n'a offert aux Algériens [durant la période coloniale, ndlr] un statut équivalent à celui des Français», a-t-il soutenu.
Mettant en relief le mode de gestion suivi en Algérie durant l'occupation, l'ancien ambassadeur a rappelé que «l'administration coloniale s'est imposée sans intégrer les Algériens et sans les préparer à gérer un État par la suite. Quand la France est partie, en 1962, il n'y avait plus d'État». «Ceci est un énorme handicap qui continue, même 50 ans plus tard, à produire des effets», a-t-il ajouté, tout en se disant contre l'idée de présenter des excuses.