Gazoduc Maghreb-Europe: les rumeurs sur sa fermeture par Alger sont-elles fondées?

Les enjeux économiques du gazoduc Maghreb-Europe reliant l’Algérie à l’Espagne via le Maroc feront en sorte que ni Alger, ni Rabat ne prendront la décision de le fermer. C’est ce qu’a expliqué le site marocain Le360, le 4 octobre, en ajoutant que les deux capitales renouvelleraient le contrat de son exploitation en 2021.
Sputnik

Après l'annonce faite par Mustapha Guitouni, le ministre algérien de l'Énergie, de lancer l'extension du gazoduc Maghreb-Europe qui relie l'Algérie à l'Espagne via le Maroc, beaucoup de rumeurs ont circulé dans les médias et sur les réseaux sociaux faisant état de l'intention des autorités algériennes de ne pas renouveler, en 2021, le contrat liant Alger à Rabat relatif à l'exploitation de ce gazoduc, en service depuis 1996. Dans son édition du 4 octobre, le site d'information marocain Le360 a expliqué pourquoi ces rumeurs sont infondées, et qu'il était de l'intérêt économique des deux pays de continuer à exploiter ce gazoduc.

«La reconduction du contrat du gazoduc Maghreb-Europe liant l'Algérie et le Maroc ne fait pas l'ombre d'un doute», a affirmé le média. «Après les sorties de part et d'autre [des ministres de l'Énergie des deux pays, ndlr] qui tiennent davantage de la négociation des futurs termes de la reconduction contractuelle [durée, redevance, tarifs, etc.], la raison veut que le contrat du gazoduc reliant les deux pays soit renouvelé», a-t-il encore soutenu.

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Tout en rappelant qu'en 22 ans d'exploitation, le fonctionnement du gazoduc n'a jamais été affecté par les tensions politiques à répétition entre les deux pays, en particulier à cause du conflit au Sahara occidental, le site a souligné que «l'approvisionnement de l'Espagne et du Portugal via le gazoduc Maghreb-Europe est vital [pour l'Algérie, ndlr], surtout au moment où le pétrole algérien est sur le déclin et que la production du pays est maintenue uniquement grâce aux injections de gaz.» «Le gazoduc, dont la capacité a été portée à 13,5 milliards de mètres cubes normaux [nm3], permet le transit annuel de plus de 10 milliards de nm3, assurant ainsi d'importantes recettes à l'Algérie», a-t-il ajouté, en précisant «qu'il permet à l'Algérie d'exporter son gaz à moindre coût» et en toute sécurité.

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Répondant à la rumeur selon laquelle le nouveau gazoduc Medgaz, construit conjointement par les Algériens et les Espagnols, dont la capacité est de 8 milliards de nm3, remplacera le gazoduc Maghreb-Europe, Le360 est catégorique: «il n'en est rien». «D'abord, sa capacité reste inférieure à celle du gazoduc passant par le Maroc. Ensuite, l'Algérie ayant l'ambition de fournir davantage les pays ouest-européens, compte faire de Medgaz un complément à Maghreb-Europe […]». «Nous avons lancé un deuxième gazoduc [Medgaz, ndlr] pour augmenter notre capacité et pas pour fermer la voie du gazoduc Maghreb-Europe existant», a déclaré Abdelmoumen Ould Kaddour, le PDG de la société nationale algérienne des hydrocarbures Sonatrach, cité par le média marocain.

Côté marocain, le site d'information rappelle que le pays «perçoit quelque 7% de redevances sur le gaz transitant sur son territoire». «Ce sont ainsi entre 650 et 800 millions de nm3 de gaz qui sont prélevés [par an, ndlr] pour les centrales thermiques marocaines», a-t-il précisé.

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Évoquant, l'apport financier du gazoduc Maghreb-Europe au budget de l'État marocain, Le360 a affirmé que rien qu'en 2014, le trésor public «a encaissé 2,4 milliards de dirhams [environ 568 millions d'euros, ndlr]», en précisant qu'« au cours de ces dernières années, cette redevance n'est plus perçue qu'en nature [en gaz, ndlr] pour alimenter les centrales [électriques, ndlr] de Taheddart et d'Aïn Beni Mathar».

L'extension du gazoduc Maghreb-Europe annoncée par le ministre algérien de l'Énergie consiste dans la construction d'un tronçon long de 200 km, permettant de relier le gazoduc Pedro Duran Farell, qui va de Tlemcen vers l'Espagne à travers le Maroc, au Medgaz qui va de Beni-Saf à Aïn Témouchent puis jusqu'à Almeria en Espagne. Le point de jonction se situe à El Aricha dans la wilaya de Tlemcen.

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