Algérie-Libye: les dessous des déclarations belliqueuses du maréchal Haftar

Des puissances étrangères auraient incité le maréchal Khalifa Haftar à s’en prendre à l’Algérie en menaçant de lui déclarer la guerre. C’est ce qu’a affirmé un ancien général-major algérien, ajoutant que la prochaine élection présidentielle prévue le 10 décembre en Libye était une raison de plus de motiver les déclarations du militaire libyen.
Sputnik

Suite aux propos du maréchal libyen Khalifa Haftar le 8 septembre dernier, menaçant l'Algérie de guerre suite à une incursion supposée de l'armée algérienne sur le sol libyen, le général-major algérien à la retraite Abdelaziz Medjahed s'est demandé si le militaire libyen ne se pliait pas à des demandes de puissances étrangères. C'est en tout cas ce que rapporte le journal arabophone El Bilad dans son édition du 10 septembre.

Selon cet expert en sécurité, les menaces du maréchal Haftar nous conduisent à nous poser une question:

«quelle est l'identité des parties qui le soutiennent?». «Ses relations [du maréchal Haftar, ndlr] avec l'Égypte, les Émirats arabes unis et la France sont connues, tout comme il est aussi connu que cette dernière essaye depuis un moment d'attirer l'Algérie dans une guerre avec ses voisins [la Libye et les pays du Sahel, ndlr]», a-t-il souligné.

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Répondant aux déclarations du chef militaire libyen, M. Medjahed a affirmé: «moi personnellement je considère celui qui a tenu ces propos [le maréchal Haftar, ndlr] comme un adolescent politique qui n'a accordé aucune importance aux principes de la diplomatie algérienne [principe de non-ingérence dans les affaires internes des autres pays et de non-intervention militaire en dehors des frontières nationales, ndlr] et qui s'est laissé emporter par ses désirs et calculs personnels étroits [concernant notamment la prochaine élection présidentielle en Libye, ndlr]».

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Commentant les déclarations du maréchal libyen, le site d'information Algeriepatriotique a indiqué, dans son édition de ce 11 septembre, qu'elles venaient trahir à la fois «l'impatience et la frustration de sa milice armée, et celles des forces étrangères qui le soutiennent, de buter très sérieusement sur l'ultime rempart qui se dresse encore devant lui, à savoir Tripoli».

Tout en rappelant que «l'homme d'Abu Dhabi et du Caire» [le maréchal Haftar, ndlr] avait promis de libérer la capitale libyenne, le média a affirmé que «pour camoufler son incapacité d'avancer sur Tripoli, Haftar invente cette histoire d'incursion de l'armée algérienne sur le territoire libyen pour faire comprendre insidieusement que c'est l'Algérie qui, par son soutien politique et diplomatique assumé au gouvernement de Fayez Al-Sarraj, l'aurait privé d'une entrée triomphale à Tripoli». «Du coup, le ton est donné pour se lancer frontalement contre l'Algérie», a-t-il ajouté.

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Dans ce sens, le site d'information a soutenu que l'Algérie pourrait prochainement être la cible «d'attaques politiques ou médiatiques intenses de la part des pays formant la coalition arabe dirigée par Riyad».

Selon lui, citant des observateurs, «le scénario le plus redoutable est que la coalition dite arabe, composée de l'Arabie Saoudite, de l'Égypte, des Émirats arabes unis et de Bahreïn, soit tentée de faire une sorte de transfert du conflit armé contre les Houthis au Yémen vers la région du Maghreb, histoire d'étendre leur zone d'influence». «L'Algérie leur paraît comme un sérieux obstacle à leur démarche», a conclu Algeriepatriotique.

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L'Égypte refuse totalement les résultats du sommet de Paris consacré à la crise libyenne. C'est ce qu'ont confié au journal Al-Araby Al-Jadeed, le 9 juin, des sources diplomatiques égyptiennes faisant partie de la commission chargée du dossier libyen en Égypte, et présidée par l'adjoint du ministre égyptien de la Défense chargé des relations extérieures, Mohammed al-Kachki.

Selon ces mêmes sources, l'Égypte aurait réaffirmé sa position au commandant en chef de l'armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, en soulignant qu'elle serait identique à celle des Émirats arabes unis, principal soutien du militaire libyen.

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«Le maréchal Haftar, l'Égypte et les Émirats arabes unis n'accepteront pas l'idée d'organiser des élections en Libye [les élections présidentielle et législatives du 10 décembre prochain, comme prévu par l'accord de Paris, ndlr], sauf s'ils sont sûrs que le clan de Tripoli et les Frères musulmans* ne réussiront pas à remporter de victoire par les urnes», auraient souligné les diplomates.

Pour rappel, dans une déclaration le 8 septembre à la chaine qatarie Al Jazeera, Khalifa Haftar avait accusé l'armée algérienne d'avoir fait incursion sur le sol libyen, menaçant d'entrer en guerre contre l'Algérie.

*Organisation terroriste interdite en Russie

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