Bien qu'il aime le pouvoir, le roi du Maroc Mohammed VI n'est pas très enclin à se donner à fond dans sa tâche de chef d'État, a expliqué Ignacio Cembrero, ancien grand reporter du journal El Pais, le 3 août, dans un entretien accordé au quotidien belge Le Soir, s'exprimant sur les absences prolongées du souverain. Selon ce journal, M.Cembrero «s'est taillé la réputation, en deux décennies, d'être le meilleur spécialiste au monde du Maroc».
«En résumé, le roi aime le pouvoir, mais pas le travail qu'il implique», a déclaré le journaliste. «Quand je dis le travail, je ne pense pas seulement à étudier des dossiers en profondeur, présider des conseils de ministres mais aussi tout ce côté protocolaire, formaliste, solennel que la tâche revêt pour un chef d'État», a-t-il précisé.
À titre d'exemple «au cours des quatre premiers mois de cette année, il [Mohammed VI, ndlr] n'a passé que 20 jours au pays. C'est un cas unique au monde: un chef d'État qui concentre entre ses mains tous les pouvoirs, mais qui passe la moitié de son temps à l'étranger», a ajouté le spécialiste.
S'exprimant sur la façon de gouverner du roi marocain, Ignacio Cembrero a affirmé que «le Maroc de la fin du règne de Hassan II ou, à partir de 1999, du début du règne de Mohamed VI, n'était pas une démocratie, mais il était plus tolérant». «Le régime s'est surtout durci au cours de cette décennie sans susciter la moindre critique de la part de ses partenaires européens», a-t-il souligné.
En dépit de concessions institutionnelles, intervenues dans le sillage des «Printemps arabes», pour conforter le pluralisme et réduire les pouvoirs royaux au profit d'un chef du gouvernement, le partage du pouvoir au sein de l'exécutif reste largement formel.