C'est le Premier ministre japonais Shinzo Abe qui a avancé le concept d'indo-pacifique, dont les États-Unis se sont vite saisis, a rappelé à Sputnik le vice-directeur du Centre de recherches sur la sécurité régionale au sein de l'Académie des sciences sociales de Chine, Yang Danzhi.
«Les États-Unis ont toujours estimé que l'émergence de la Chine représentait une menace pour l'hégémonie américaine dans la région. Aussi, réalisent-ils énergiquement leur stratégie indo-pacifique», a déclaré l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter qu'à ces fins, les Américains s'appliquaient à forger des relations d'alliés en Asie.
Selon M.Yang, Washington s'applique à mettre en place le Quad (Quadrilateral Security Dialogue), mécanisme qui réunit quatre puissances de l'indo-pacifique, les États-Unis, l'Australie, le Japon et l'Inde, pour faire comprendre à la Chine que ses ambitions dans la région feront face à l'opposition de ces quatre pays.
«Les États-Unis se servent de la question taïwanaise pour faire pression sur la Chine et la retenir. L'ultérieure réalisation de la stratégie indo-pacifique ne manquera certes pas de se répercuter sérieusement sur les relations de Taïwan avec la Chine continentale», a prévenu le Chinois.
Et de reconnaître que tant Washington que Taipei aspiraient au rapprochement, et la visite de Carter pourrait témoigner du resserrement ultérieur des liens entre les États-Unis et Taïwan.
«Il s'agit d'une tendance très dangereuse. Et le fait que les forces séparatistes à Taïwan se déchaînent de plus en plus est incontestablement lié à la protection et à l'ingérence militaire des États-Unis. D'autre part, la Chine continentale a fait ces derniers temps maintes déclarations à ce sujet, et les manœuvres de plus en plus fréquentes de l'Armée populaire de libération (APL) chinoise constituent une sévère mise en garde aux séparatistes taïwanais», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
La Chine considère que Taïwan fait partie intégrante de son territoire, même si l'île est dirigée de façon indépendante par un pouvoir rival depuis 1949. Par ailleurs, Pékin a plus d'une fois signalé à Washington que le «principe d'une seule Chine» constituait la base politique des relations sino-américaines et que toute négociation ou discussion n'y est pas de mise.
Les observateurs constatent depuis longtemps que les États-Unis invitent l'Inde, l'Australie et le Japon à adhérer à leur groupe indo-pacifique et à incarner la stratégie du «contrepoids» face à l'influence croissante de la Chine dans la région. Le dialogue Quad (États-Unis, Japon, Inde et Australie) et le concept d'indo-pacifique servent eux aussi à contrer la puissance chinoise.