Le FMI a prédit l'issue des guerres commerciales

Les guerres commerciales déclenchées par l'administration Trump affecteront le plus les Etats-Unis eux-mêmes, estiment les auteurs du rapport du Fonds monétaire international (FMI) préparé pour la réunion des ministres des finances et des directeurs des banques centrales du G20 à Buenos Aires.
Sputnik

Le FMI a tiré des conclusions quant aux perdants des guerres commerciales.

«Tous les pays seront touchés, mais c'est l'économie américaine qui est particulièrement vulnérable dans la situation actuelle», stipule le rapport du FMI.

Le FMI dévoile les principales menaces pour l’économie mondiale
Les analystes du fonds expliquent: étant donné que Washington instaure des taxes sur la majeure part des importations, les contremesures symétriques suivront.

«D'autres pays et régions continueront de commercer entre eux sans taxes supplémentaires, ce qui leur permettra de réduire les flux commerciaux avec les Etats-Unis», soulignent les experts.

Et c'est déjà confirmé en pratique. Mi-juillet, l'Union européenne et le Japon ont signé un accord de partenariat économique qui supprime progressivement 99% des taxes dans le commerce mutuel. Cela rapportera près d'un milliard d'euros par an aussi bien aux producteurs japonais qu'européens.

En particulier, le Japon annulera les taxes sur des marchandises européennes — le fromage, le vin, le porc. A son tour, l'UE réduira progressivement de 10% à 0% les taxes d'importation sur les voitures japonaises.

La situation empirera

«Les conséquences concrètes pour chaque pays ou région pourraient être controversées, soulignent les auteurs. Par exemple, les échanges se réduiront à cause de l'augmentation des taxes sur les exportations. Dans le même temps, dans l'ensemble l'économie sera gagnante à cause de la hausse des taxes sur les importations.»

Bonne nouvelle: pour l'instant les guerres commerciales n'ont pas infligé un grand préjudice à l'économie. Comme l'indiquent les estimations du FMI, les restrictions déjà décrétées par les USA (les taxes sur les importations d'acier et d'aluminium, ainsi que les taxes supplémentaires de 25% sur 50 milliards de dollars de produits chinois) et les contremesures des pays touchés réduiront le PIB américain de seulement 0,1%.

Inflation: le gouvernement algérien publie des chiffres contredisant les prévisions du FMI
Si Trump tenait sa promesse datant de deux semaines et décrétait des taxes de 10% sur les importations des marchandises chinoises, et si Pékin répondait symétriquement, la croissance du PIB américain ralentirait de 0,2 point. «Sachant que la croissance économique d'autres régions pourraient accélérer grâce à la substitution des marchandises américaines et chinoises», estiment les auteurs du rapport.

Un autre scénario examiné par les analystes du FMI implique que la Maison blanche imposera des taxes de 25% sur toutes les voitures importées dans le pays. Dans ce cas l'économie américaine ralentirait de presque 0,6 point.

Le plus touché dans le monde serait alors le Japon, où les voitures représentent 29% des exportations aux USA. La croissance du PIB japonais en cas d'un tel scénario ralentirait de 0,2 point.

L'Amérique latine (les voitures représentent 13% de ses exportations vers les USA) perdrait 0,1% du PIB. A noter que selon les estimations du FMI, l'UE pourrait profiter de la hausse des taxes américaines sur les importations de voitures.

«Bien que l'UE livrent aux USA pour 30 milliards de dollars de voitures, c'est moins de 1% des exportations totales de l'industrie automobile européenne, expliquent les analystes. L'effet négatif direct des nouvelles taxes serait largement compensé par les contremesures européennes.»

Tous contre tous

Selon le FMI, l'économie mondiale serait confrontée aux plus grands problèmes si l'escalade du protectionnisme affaiblissait brusquement la confiance mutuelle dans le commerce international. Malheureusement, les premiers signes sont déjà flagrants.

Lundi, les autorités chinoises ont annoncé l'ouverture d'une enquête anti-dumping par rapport à l'inox en provenance de l'UE, du Japon, de la Corée du Sud et de l'Indonésie. En règle générale, ce genre d'enquêtes est un premier pas vers des taxes rédhibitoires.

Début juillet, la Chine appelait l'UE aux actions conjointes au sein de l'OMC contre la politique commerciale de Donald Trump. Cette initiative a été proposée à Bruxelles et à Berlin par le vice-Premier ministre chinois Liu He.

Bruxelles n'a pas soutenu cette proposition en soupçonnant que Pékin tente de diviser le bloc occidental. Et à présent les autorités chinoises sont visiblement prêtes pour une guerre commerciale selon le principe «chacun pour soi».

Hyperinflation: le Premier ministre algérien s’exprime sur le scénario catastrophe du FMI
D'après les évaluations du FMI, une guerre commerciale mondiale pourrait ralentir la croissance du PIB mondial de 0,4 point durant sa première année et de 0,5 point dans les années qui suivront. Le Japon et l'Amérique latine perdront 0,6-0,7 point. Toutefois, dans ce cas les USA perdraient plus que tous les autres — 0,8 point par an.

«Les conséquences d'un tel scénario seraient terrifiantes — allant de la destruction de chaînes mondiales des fournitures à une atteinte aux consommateurs à cause de la hausse des prix sur les produits importés. Ce sont les ménages à bas revenus qui seront les plus touchés», mettent en garde les experts du FMI.

Ils appellent à «laisser dans le passé les taxes vouées à l'échec et les contremesures», mais reconnaissent que l'option inverse est plus plausible.

«Le déséquilibre mondial pourrait s'accroître davantage, ce qui ne ferait qu'aggraver les litiges, avertit le FMI. Le déficit du compte courant des Etats-Unis augmenterait parce que la réduction des importations ferait augmenter la demande intérieure, tandis que l'économie du pays travaille déjà à la limite de ses capacités. Par ailleurs, l'excédent budgétaire dans d'autres pays développés ne se réduirait certainement pas beaucoup à court terme. Tout cela provoquerait de sérieux changements dans les cours des monnaies et les prix des actifs.», concluent les auteurs du rapport du FMI.

Discuter