L’armée algérienne réagit aux différents défis sécuritaires secouant le pays

L’armée algérienne ne fermera pas l'œil face aux dangers menaçant le pays. C’est ce qu’a affirmé Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, sur fond de tempête médiatique ébranlant l’Algérie suite à une importante saisie de cocaïne dans le port d’Oran et d’attaques auxquelles le pays doit faire face concernant le problème migratoire.
Sputnik

Lors de son intervention le 9 juillet à Alger à la cérémonie de remise du prix de l'Armée nationale populaire algérienne (ANP) pour la meilleure œuvre scientifique, culturelle et médiatique de l'année 2018, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense nationale, a réaffirmé avec fermeté la position de l'armée algérienne, gardienne du pays et qui promet de ne jamais fermer l'œil, rapporte l'Agence Presse Algérie (APS).

Saisie de cocaïne à Oran: «un réseau d’espionnage et d’influence» découvert
Cette déclaration intervient en pleine tempête médiatique suscitée par la saisie récente d'une cargaison de cocaïne dans le port d'Oran, conjuguée au même moment à la campagne de plusieurs ONG et de certains médias internationaux visant directement l'Algérie quant au traitement des migrants traversant ses frontières en provenance du Sahel.

Se félicitant du message que le Président Abdelaziz Bouteflika a adressé aux forces armées le 5 juillet à l'occasion du 56e anniversaire de l'indépendance nationale, M. Gaïd Salah a affirmé y trouver «une autre motivation, qui pousse notre armée à redoubler d'effort au service de l'Algérie et de son peuple, et l'encourage à demeurer le gardien qui veillera sur elle sans jamais fermer l'œil».

«La finalité ultime et légitime que l'Armée nationale populaire a pu atteindre […] est la parfaite maîtrise de tous les facteurs de sécurisation de l'ensemble du territoire national et la grande capacité à réunir les conditions à même de protéger l'Algérie le long de toutes ses frontières, peu importent les défis rencontrés», a-t-il souligné.

L’armée algérienne a testé le Pantsir-SM russe lors des manœuvres Sakhr-2018 (vidéo)
Le 29 mai, les forces navales algériennes ont saisi 701 kg de cocaïne à bord d'un bateau à quai dans le port de la ville d'Oran, censé transporter de la viande rouge importée du Brésil pour le compte de Kamel Chikhi, surnommé «Kamel le boucher». Mohammed Elias Rahmani, un haut gradé des services de renseignement algériens à la retraite ayant servi au sein de la Direction centrale de la sécurité de l'armée (DCSA), a indiqué dans une interview accordée à Sputnik que la drogue saisie à Oran l'a été dans le cadre d'une affaire de narco-terrorisme qui constitue une attaque à caractère paramilitaire contre l'Algérie, orchestrée par des pays tiers. Selon lui, les premiers résultats de l'enquête que mènent conjointement la sécurité militaire et la DCSA ont révélé l'existence de réseaux d'espionnage en Algérie au profit des pays en question. Les enquêteurs étudieraient également une autre piste, continue l'ancien l'officier, celle du «recrutement à caractère idéologique et religieux. […] Le faisceau d'indices recueillis par les officiers des services algériens montre effectivement que certains pays sont derrière cette opération».

La crise migratoire qui s'est déclenchée dans la région du Sahel après l'intervention de l'Otan en Libye, est perçue par les autorités algériennes comme un problème de sécurité nationale.

Algérie: un «vibrant hommage» rendu à l’Armée algérienne par le Président Bouteflika
Hacène Kacimi, directeur d'études du phénomène migratoire au ministère algérien de l'Intérieur, dans un entretien donné le 23 avril à la radio nationale Chaîne 3, a déclaré: «les migrants ne nous préoccupent pas. Ce qui nous préoccupe c'est ce qu'il y a derrière. La migration est la trame de ce nouveau phénomène au caractère géostratégique. Il y a aujourd'hui un rééquilibrage des rapports de force. À ce propos, le continent africain est très riche et contient 30% des terres arables. Il contient les minéraux les plus chers, les plus rares et les plus importants», a ajouté le responsable en rappelant que «la doctrine de l'Algérie sur cette question est très claire: elle est contre l'ingérence et contre la militarisation des espaces et des territoires. Ces deux politiques ont eu des résultats catastrophiques ailleurs. […] Lorsqu'on est en présence de ces politiques, qu'est-ce qui arrive? C'est l'extension du terrorisme, c'est l'accentuation des tensions ethniques et le développement des crises et des guerres», a-t-il précisé.

Les projets de l’Armée algérienne quant à l’intervention au Sahel
Actuellement, une force militaire africaine, le G5 Sahel (G5S), à laquelle participe le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad et la Mauritanie, s'est constituée sous les auspices de la France dans le but de lutter contre le terrorisme dans cette région, en renfort des forces françaises et américaines déjà déployées à cet effet dans cet espace géographique. L'Arabie saoudite a de son côté promis de participer au financement du G5S.

L'Algérie, qui s'était opposée à l'intervention de l'Otan en Libye, a décliné l'invitation de rejoindre le G5 Sahel et refuse catégoriquement d'engager son armée au delà de ses propres frontières. «Les gens peuvent nous demander d'intervenir, mais tout le monde sait que l'Algérie n'intervient pas en dehors de ses frontières, ce qui ne veut pas dire que nous ne menons pas des actions de coopération avec certains acteurs», a déclaré Abdelkader Messahel, le ministre le ministre algérien des Affaires étrangères le 5 juillet à Radio Chaîne 3.

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