Pourquoi l’Otan pourrait-elle perdre sa suprématie aérienne et qui va le payer?

Dans une stratégie récemment adoptée, l'Otan reconnaît qu'elle pourrait être privée de sa suprématie aérienne dans l'avenir. Or, ne s'agit-il pas d'un message visant des membres bien précis de l'Alliance, s'interroge un lieutenant-colonel de réserve des forces aériennes tchèques. Et qu'entraînera ce changement d'équilibre des forces dans les airs?
Sputnik

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L'Alliance atlantique a approuvé une nouvelle stratégie concernant les forces aériennes où elle reconnaît que ses opérations militaires pourraient être influencées, dans l'avenir, par des systèmes antiaériens modernes et des moyens spatiaux. Ainsi, pour la première fois après la guerre froide, l'Otan pourrait se retrouver sans avoir la suprématie dans les airs. En outre, elle devrait avoir la possibilité de réaliser des opérations contre tout ennemi égal.

Vu que l'aviation est l'un des principaux leviers de l'Alliance, à qui précisément l'idée de l'incapacité d'assurer sa suprématie dans le ciel est-elle adressée? Ne s'agit-il pas de pays membres, dont la Tchéquie, qui ne dépensent pas assez en matière de défense? Sputnik a interrogé à ce sujet Ivan Kratochvil, lieutenant-colonel de réserve des forces aériennes tchèques et chef de l'association «Militaires tchécoslovaques de réserve aspirent à la paix».

«L'impossibilité de parvenir à la suprématie dans les cieux est une sorte de conte d'horreur qui poussera à acheter des systèmes d'armes américains, à augmenter les dépenses militaires, à effectuer des réparations d'infrastructures, ce avec de l'argent européen, mais selon une consigne américaine», a expliqué M.Kratochvil.

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Depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Alliance atlantique a bâti toutes ses activités militaires autour du principe de supériorité aérienne, «une bonne conception», selon le militaire de réserve, car, sans le soutien de l'armée de l'air, les opérations terrestres et navales sont vouées à l'échec. Les États, qui ont des revendications territoriales ou qui cherchent à mettre en œuvre leurs politiques dans d'autres pays, «créent d'abord des forces aériennes puissantes, y compris des groupes aériens maritimes, ce qui leur permet par la suite d'imposer leurs politiques à d'autres pays», a-t-il poursuivi.

«La réalisation réussie de cette stratégie par l'Otan permet aux États-Unis de dicter leurs conditions au reste du monde. En guise d'exemple, nous pouvons citer divers conflits qui ont eu lieu depuis la Seconde Guerre mondiale. Et pas seulement des conflits. Ici on parle également du désarmement de la Tchécoslovaquie, de la Hongrie, de la Pologne et de la dévastation des républiques ex-soviétiques.»

Les États-Unis ont maintes fois recouru à ce stratagème: l'utilisation des forces terrestres d'autrui au lieu de l'armée américaine pour parvenir au résultat voulu, a ajouté M.Kratochvil.

«Il s'agit des armées de différents régimes de marionnettes, ainsi que des groupes djihadistes, comme Daech*.»

Il y a seulement deux cas où Washington a violé ce principe, en Corée et au Vietnam, et ces deux conflits ont «produit une influence négative sur le développement intérieur des États-Unis».

«Si les États-Unis, et ainsi l'Otan, reconnaissent qu'ils peuvent ne pas avoir la suprématie aérienne, cela veut dire que la Pax Americana touche à sa fin et les États-Unis devront commencer à respecter les règles et une simple décence des lois internationales. On ne dirait pas qu'ils le veuillent, mais les puissances développées vont les obliger à le faire. Aujourd'hui, ce sont la Russie et la Chine, mais l'Inde et l'Iran commencent aussi à jouer leurs rôles», a résumé M.Kratochvil.

*Organisation terroriste interdite en Russie

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