Le 29 mai, 701 kg de cocaïne ont été saisis à bord d'un bateau dans le port de la ville d'Oran, supposé transporter de la viande rouge importée du Brésil pour le compte de Kamel Chikhi surnommé «Kamel le boucher». L'inculpation de ce dernier avec plusieurs magistrats et plusieurs hautes personnalités, dont le fils d'un ancien Premier ministre ou encore plusieurs maires et walis pour trafic d'influence, est loin d'avoir révélé tous les tenants et les aboutissants de cette affaire qui est sans précédent dans l'histoire de l'Algérie.
«Ils sont en train d'orienter l'opinion publique dans une fausse piste sur cette question de la cocaïne. Ils parlent de corruption autour de cette affaire mais dans le but de la noyer», a déclaré l'ancien officier. «Le fond de cette affaire est la cocaïne. Qui a payé cette cocaïne, comment l'argent est sorti du pays et qu'elle était sa destination finale?», a-t-il ajouté.
Pour ce spécialiste du renseignement «si ce qu'ils disent est vrai, c'est-à-dire que la drogue est destinée à la consommation locale, il faut dans ce cas-là, et je sais parfaitement de quoi je parle, que les investigations dévoilent où se trouve le laboratoire de découpe qui se charge d'ajouter les autres adjuvants à la cocaïne brute, car comme vous le savez cette dernière ne se consomme pas à l'état brut, car elle provoque des overdoses, et où est le réseau de distribution».
À voir la grande quantité de cocaïne qui a été achetée «équipée avec des balises GPS émettant un signal de repérage» et destinée à rentrer sur le territoire national via un port algérien, l'officier a affirmé que «je suis d'accord avec le président du RND [Rassemblement national démocratique le Premier ministre Ahmed Ouyahia, ndlr] qui a dit que cette affaire est une attaque contre l'Algérie». «Cette opération a été financée par des services de renseignement dans le cadre du narco-terrorisme pour finir dans le narcotrafic», a-t-il ajouté, n'écartant pas l'hypothèse que la mafia locale ait profité de cette opération pour sauvegarder ses privilèges, à l'aune de la prochaine élection présidentielle qui pourrait engendrer un changement de pouvoir.
Pour sa part, le ministre algérien de la Justice Tayeb Louh a souligné le 25 juin, lors d'une conférence de presse, que l'enquête sur l'affaire de la saisie de plus de 701 kg de cocaïne au port d'Oran a révélé «l'implication de plusieurs personnes dans des faits liés à la corruption et de pots-de-vin versés en contrepartie de facilitations ». Le ministre a confirmé «la saisie de certains appareils électroniques, téléphones portables et caméras de surveillance, dans le cadre de l'enquête».