«C'est au congrès [du parti, nldr] de choisir [un candidat à la présidentielle de 2019, nldr], mais nous donnerons l'avantage au Président de la République s'il veut se représenter», a indiqué Hafedh Caïd-Essebsi, leader de Nidaa Tounes et fils du Président, en avouant ne rien savoir sur les intentions de ce dernier.
Hafedh Caïd Essebsi réagissait à la question de savoir si son parti, associé au pouvoir avec les islamistes d'Ennahda, soutiendrait Rached Ghannouchi, président de ce parti, s'il se présentait à la Présidentielle de 2019. La gérontocratie semble avoir de beaux jours devant elle en Tunisie..
«Ceux qui doivent le [Rached Ghannouchi, ndlr] soutenir, ce sont les gens de son parti. Nous aussi nous allons présenter un candidat», a affirmé le président de Nidaa Tounes dans la même interview.
Une réponse, par interviews interposées, à l'hypothèse d'une candidature commune Nidaa Tounes-Nahda, non exclue par Rached Ghannouchi dans une interview, publiée quelques jours plus tôt, dans le journal algérien El Khabar.
De son côté, et sans se distancier de Nidaa Tounes, le parti islamiste Ennahda accélère sa mutation «civile», depuis le tournant idéologique de l'été 2016. à son chef Rached Ghannouchi, qui s'affiche depuis un moment en costume cravate, on prête même des ambitions présidentielles, que l'intéressé n'a pas souhaité confirmer…. Ni infirmer!
Seule certitude, pour l'instant: Ennahda n'observera pas la neutralité comme c'était le cas en 2014. D'où, entre autres, l'hypothèse d'une candidature commune avec Nidaa Tounes. Pour Adnane Limam, ancien professeur de Droit et spécialiste du mouvement Ennahda
«La candidature de Rached Ghannouchi aux présidentielles de 2019 est une éventualité destinée à mettre la pression sur le camp adverse ou à servir de monnaie d'échange; elle ne doit jamais, au grand jamais, être envisagée comme étant une option sérieuse ou réellement susceptible d'être mise en œuvre» analyse Adnan Limam pour Sputnik.
Tant le contexte international que la certitude, sur le plan interne, d'une levée de boucliers contre sa candidature, s'y opposeront, détaille Limam. Tout autre, en revanche, est la situation de Béji Caïd Essebsi, au regard de ces deux facteurs, nonobstant ses 92 ans. Une ineptie, toutefois selon certains, pour cette Tunisie qui a connu, en décembre 2010, un soulèvement populaire porté par des jeunes aspirant au changement.
Pour Abdejlil Bouguerra, historien tunisien, les ressorts de ce paradoxe sont à trouver dans une crise de leadership chez la jeune classe politique.
«Aujourd'hui, il y a clairement un retour aux anciens symboles, ce qui est paradoxal dans une société dont l'écrasante majorité est constituée de jeunes. Cet engouement s'explique par le fait que la nouvelle génération n'a pas encore trouvé sa voie. Elle patauge, piétine, ne sait pas quelle revendication mettre en avant, quel défi pourrait être rassembleur, comme a pu faire la génération de 1938 en portant au-devant la revendication d'un Parlement.
Premier Président élu au suffrage universel direct dans un scrutin transparent et démocratique, Béji Caïd Essebsi n'a jamais connu de crise sérieuse de popularité, en dépit de contestations sociales qui émaillent le pays depuis 4 ans.
Élu en décembre 2014 au terme d'un second tour houleux face au sortant Moncef Marzouki, il est aussi, depuis la démission en novembre dernier du Zimbabwéen Robert Mugabe, le plus vieux dirigeant en exercice au monde. La Constitution du 27 janvier 2014 qui l'autorise à briguer un deuxième quinquennat ne fixe pas, en revanche, de limite d'âge à l'exercice de la fonction présidentielle.