Tandis que certains médias français, notamment Le Monde, n’ont toujours pas couvert ni les perquisitions qui ont eu lieu mardi à Kiev dans les locaux l’agence RIA Novosti Ukraine, ni l’arrestation de son rédacteur en chef Kirill Vychinski, ni son inculpation pour «haute trahison» en raison de son attitude loyale à l’encontre des Républiques autoproclamées du Donbass, les éditions françaises ayant traité le sujet se sont largement appuyées sur les dépêches des agences d’information AFP et Reuters. Traitant ces événements d’une manière assez neutre, ces sources rapportent aussi bien les actions du service de sécurité d’Ukraine (SBU) que les réactions de la partie russe et celles de l’OSCE qui s’est exprimée sur le sujet.
La dépêche sur la réaction de Moscou, également publiée par l’AFP, a été reprise par TV5 Monde. Dans ce papier, on cite largement la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova qui souligne que la Russie «fera tout» pour que le journaliste Kirill Vychinski, qui est de nationalité russe et ukrainienne, soit libéré et pour prévenir la réitération de tels scénarios à l’encontre d’autres représentants de la presse. La dépêche reprend en outre les propos du porte-parole de la présidence russe qui souligne que «la Russie durant toutes ces années difficiles n'a jamais limité l'activité professionnelle (des journalistes ukrainiens) et nous tenons un dialogue serein».
«Dans un contexte de relations catastrophiques, les autorités de Kiev accusent régulièrement la Russie de se servir de ses médias publics, notamment la télévision, très regardée dans les régions russophones d’Ukraine, pour alimenter les sentiments séparatistes et saper la confiance dans le gouvernement», lit-on en outre dans un autre papier de l’agence, repris par Libération.
Dans le papier du correspondant de RFI à Kiev (qui contrairement aux agences Reuters et AFP n’a pas recours aux guillemets pour citer les allégations de Kiev à l’encontre de la Russie), on attire l’attention sur l’absence d’explication des raisons pour lesquelles le SBU a laissé RIA Novosti Ukraine «opérer depuis le début de la guerre en 2014, et n'a décidé d'agir que maintenant».
En outre, l’auteur évoque une information qui a échappé à plusieurs autres médias, celle l’interdiction d’entrée sur le sol ukrainien faite à un humoriste russe de renom qui s’était présenté ce même jour à un poste-frontière. «C'est donc une nouvelle journée très anti-russe en Ukraine, et un signe que les tensions entre les deux pays ne s'apaisent pas», conclut l’auteur.
Dans la matinée du 15 mai, plusieurs agents du SBU ont fait irruption dans les locaux de l'agence de presse russe RIA Novosti Ukraine à Kiev.
Le 23 avril, le SBU a en outre interpellé la chef du mouvement des Volontaires de la Victoire, Elena Odnovol, accusée également de haute trahison, crime passible de 15 ans de prison en Ukraine.
Par le passé, Kiev a à plusieurs reprises pris des mesures de rétorsion à l'égard de journalistes russes, les expulsant du pays en raison de reportages qui n'étaient pas à son goût.
Moscou a systématiquement condamné ces expulsions en dénonçant la «discrimination à l'égard des médias russes».