Si l'agent neurotoxique «Novitchok» (A-234) avait été utilisé contre Sergueï et Ioulia Skripal dans une quantité comprise entre 50 et 100 grammes, comme l'avait évoqué la semaine dernière le directeur général de l'OIAC, presque tout la population de la ville de Salisbury aurait été empoisonnée, a indiqué la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova, se référant à l'avis des experts.
Cela aurait été d'autant plus possible que, selon les spécialistes de l'OIAC, les traces de l'agent toxique retrouvé sur le lieu se caractérisaient par leur degré élevé de pureté et de résistance aux conditions météorologiques. Elles ne pouvaient donc pas disparaître si facilement et rapidement, a également ajouté M. Zakharova.
En outre, les propos d'Ahmet Uzumcu ont été de facto démentis par le secrétariat l'OIAC qui a déclaré vendredi dernier que les spécialistes de l'organisation n'avaient pas été en mesure de déterminer la quantité de l'agent utilisée pour empoisonner Sergueï Skripal et sa fille.
«Ainsi le secrétariat a contredit les déclarations de son directeur. J'ai donc une question: qui a dit la vérité? Le chef de l'OIAC ou le secrétariat de l'OIAC. Quelle honte inimaginable que tout ce grenouillage britannique autour de Salisbury», a-t-elle conclu.
Le 4 mars dernier, Sergueï Skripal et sa fille Ioulia ont été retrouvés inconscients aux abords d'un centre commercial de Salisbury. Une semaine plus tard, la Première ministre britannique, Theresa May, a accusé la Russie d'être derrière l'empoisonnement des Skripal, sans toutefois présenter de preuves pour appuyer ses allégations, avant d'expulser 23 diplomates russes du Royaume-Uni.
D'après le Royaume-Uni, l'agent innervant utilisé A-234 aurait été fabriqué en Russie. Moscou a toujours démenti les allégations de Londres. Début avril, les chercheurs du laboratoire britannique de Porton Down ont reconnu ne pas être en mesure d'établir le pays d'où provenait l'agent innervant utilisé dans cette tentative d'assassinat. Le gouvernement russe a demandé à Londres à plusieurs reprises de lui permettre de participer à cette enquête.
Jeudi dernier, le Président de la République tchèque a annoncé qu'une petite quantité d'agent innervant A-230, considéré comme «Novitchok» par le renseignement militaire, a été fabriquée en 2017 dans la ville tchèque de Brno.
Or, dans un communiqué publié ce lundi, le gouvernement tchèque a déclaré qu'aucune substance du type «Novitchok» n'avait jamais été ni produite, ni étudiée, ni stockée dans le pays. Ce texte a été rendu public à l'issue de la rencontre entre le Président du gouvernement Andrej Babis et des chefs du Service d'information et de sécurité (contre-espionnage) et du renseignement militaire.