Donald Trump a publié cette semaine un message sur Twitter indiquant: «La chasse aux sorcières totale!» sans autre précision. De quoi que parle le Président américain, la chasse aux sorcières serait effectivement devenue totale de nos jours, et ce plus de 240 ans après la dernière exécution d’une sorcière en Europe.
Mais qui sont les meilleurs candidats qu’on chasse de nos jours à la place des sorcières? En voici quelques exemples.
Hackers
Les hackers venant des pays qui disposent de technologies informatiques avancées sont parfois la cible d’accusations d’espionnage ou d’ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays.
Le Président Trump s’est moqué du rapport sur Twitter, alors que le Kremlin a estimé que le rapport «non-professionnel et émotionnel» ressemblait à une «chasse aux sorcières».
D’ailleurs, pour rejeter les accusations de collusion avec Moscou pendant la présidentielle, Donald Trump a préféré parler d’une autre menace venant de hackers… chinois!
Les accusations portées contre les informaticiens ne sont pas toujours sans raison à en juger d’après les révélations du site WikiLeaks sur les écoutes téléphoniques et internet réalisées par les services secrets américains. Ces informations ont provoqué un scandale international et les États-Unis ont dû s’expliquer avec leurs alliés de l’Otan, qui avaient eux-aussi été espionnés.
En 2017, le gouvernement britannique a affirmé que des hackers nord-coréens seraient derrière la cyberattaque du virus WannaCry qui a frappé en mai de cette même année les serveurs du système de santé publique du Royaume-Uni (National Health Service, NHS) et a causé des dégâts dans des bases de données de 150 pays, dont la Russie. La Corée du Nord a rejeté ces accusations les qualifiant de «tentative malveillante pour inciter la communauté internationale à éprouver une plus grande méfiance vis-à-vis de la RPDC».
Journalistes
Rappelons notamment les difficultés que les journalistes pro-russes de plusieurs pays ont connu en Ukraine après que la Crimée a proclamé son indépendance par rapport à Kiev avant d’adhérer à la Fédération de Russie par un référendum ou les récentes initiatives de loi américaines. L’Ukraine a interdit l’entrée sur son territoire ou a expulsé plusieurs équipes de journalistes.
La situation n’a pas échappé à la porte-parole de ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova qui a ironisé sur cette «chasse aux sorcières russes» déclenchée par le Parti démocrate et les médias mainstream américains.
Étudiants
Les étudiants, ces jeunes personnes parlant plusieurs langues et se déplaçant entre les pays en quête d’un meilleur cursus universitaire, pourraient bien être des informateurs des services secrets, n’est-ce pas?
En 2017, plusieurs pays ont accusé la Chine de tenter d'influer sur leur politique intérieure et sur leur position concernant les questions importantes pour Pékin.
Les autorités chinoises ont nié toute tentative d'influence sur la politique des autres pays ou de surveiller leurs concitoyens qui ont habité ou ont suivi des études à l'étranger.
Acteurs du monde la politique et des affaires
Les hommes politiques et les hommes d’affaires ont le pouvoir. Alors, pourquoi ne pas les soupçonner d’être des agents d’influence étrangers?
Cette idée aurait inspiré en 2017 des médias néo-zélandais qui ont affirmé Jian Yang, député national d'origine chinoise, n'avait pas indiqué dans ses formulaires d'immigration qu'il avait été membre du Parti communiste et officier du renseignement militaire de la Chine avant son arrivée dans le pays. Il défendait au Parlement les positions chinoises sur toutes les questions internationales et encourageait le renforcement des relations entre les deux pays. En réponse, le parlementaire a qualifié ses accusateurs de racistes.
L’Australie a pris le relais dans cette campagne d’accusations contre des hommes politiques chinois en 2018. Les auteurs d’un rapport présenté en février au parlement ont accusé la Chine d’essayer de créer un réseau d’influence secret en Australie, composé d’hommes politiques et d’hommes d’affaires, pour pousser les autorités du pays à prendre des décisions au profit de Pékin.
Diplomates
Les diplomates sont les nouveaux venus dans la chasse aux sorcières moderne. Protégés par le statut diplomatique, ils ont pour mission d’assurer le dialogue entre les pays. Mais pour certains pays, l’idée qu’un diplomate n’est qu’un diplomate paraît trop ennuyeuse, il devrait sans doute être un espion!
Commentant cette tendance, Guy Mettan, directeur exécutif du Club suisse de la presse et auteur du livre «Russie-Occident, une guerre de mille ans: La russophobie de Charlemagne à la crise ukrainienne» a notamment indiqué à Sputnik: «L’expulsion des diplomates marque le début d’une nouvelle époque de "sanctions diplomatiques". C’est très dangereux parce que cela diminue le champ du dialogue entre les pays et nos prédécesseurs ont toujours essayé de l’éviter».
Scientifiques
Les chercheurs ne possèdent-ils pas les connaissances capables de créer des armes nucléaires ou chimiques? Cela doit paraître suspect…
Deux experts iraniens commentant pour Sputnik la disparition de nombreux atomistes iraniens ont soupçonné l’implication d’Israël dans cette affaire. Toutefois, ces accusations portées contre Israël n’ont pas de preuves tangibles, affirme Vladimir Mesamed, professeur à l’Université juive de Jérusalem et expert de l’Iran.
«Permettre à des scientifiques russes d'enquêter sur un dossier dans lequel ils sont les auteurs les plus vraisemblables du crime… serait comme Scotland Yard invitant le professeur Moriarty», le principal ennemi de Sherlock Holmes, à participer à ses investigations, a notamment indiqué la représentante du Royaume-Uni Karen Pierce.
Nous ne saurons peut-être jamais de quoi parlait le Président Trump dans son message sur la chasse totale aux sorcières. Mais il semble qu’il ait raison. Les sorcières ont disparu, vivent les sorcières!