«Quand les Hommes de Néandertal et d'autres "cousins" des êtres humains ont commencé à disparaître, nos ancêtres ont commencé à coloniser la Terre. Nous estimons que cela a eu lieu en grande partie grâce à la capacité des Homo sapiens à tisser des liens sociaux étroits qui ont permis à nos ancêtres de s'attacher à leurs voisins et de les aider en cas de besoin», a déclaré Penny Spikins de l'université d'York, en Angleterre, qui a pris part à la recherche.
L'évolution a poussé l'Homme non seulement à la verticalité, mais aussi à des changements d'autres caractéristiques anatomiques qui lui ont permis de parler et de communiquer d'une autre manière. Il y a deux ans, grâce à la comparaison d'os des oreilles humaines et de singes, des chercheurs ont découvert que l'ouïe de nos ancêtres était axée sur la perception de la parole, et non sur les signes de danger dans les forêts ou les savanes, comme chez les singes.
Selon les théories communément admises, les imposantes arcades sourcilières de nos ancêtres protégeaient les mâchoires et le crâne de leurs propriétaires de blessures en mâchant de la nourriture dure et renforçaient généralement leur structure. Elles ont commencé à disparaître après que l'Homme a maîtrisé le feu et les outils, et a commencé à manger de la nourriture plus douce et calorique.
Mais les dernières recherches ont mis en cause ces hypothèses. Les anthropologues ont créé un modèle numérique du crâne de l'Homo rhodesiensis trouvé en 1921 en Afrique, un des premiers représentants de notre espèce, qui avait des arcades sourcilières imposantes, et d'autres signes caractéristiques des hommes préhistoriques.
Ainsi, les changements des traits du visage s'expliquent par d'autres raisons, tout d'abord par l'évolution du langage et par le développement de liens sociaux entre nos ancêtres. De plus, l'os hyoïde, associé à la parole, a acquis sa forme moderne parallèlement au développement des sourcils, soulignent les scientifiques.
Cela étant, toute la communauté scientifique ne partage pas cette hypothèse. Markus Bastir, anthropologue du Musée national des sciences naturelles d'Espagne, suppose que l'absence de la mâchoire inférieure de l'Homo rhodesiensis aurait pu influencer l'exactitude des calculs de Mme Spikins et de son équipe, et que le rôle des sourcils dans l'évolution humaine n'est pas assez justifié. Toutefois, M.Bastir reconnaît la nécessité de chercher de nouvelles explications aux changements du visage humain.