Oscar Rabine, peintre anticonformiste à l’honneur

Une soirée en honneur du 90e anniversaire d’Oscar Rabine, célèbre peintre non-conformiste russe, a été donnée par l’Ambassadeur de la Russie. Plusieurs amateurs de l’œuvre du peintre ont partagé leurs impressions sur son œuvre avec Sputnik.
Sputnik

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Oscar Rabine, figure emblématique de l'underground soviétique, a célébré ses 90 ans le 2 janvier dernier. Mais quand on le voit, quand on parle de lui, une seule et unique image se dégage: c'est un roc et un roseau. Solide comme un roc, travailleur acharné malgré son âge, ce peintre donne l'impression de posséder en lui une tige intérieure qui plie sous les épreuves de la vie, sans jamais se briser.
Et c'était également le sens profond de tous les messages solennels qui lui ont été adressés et lus à l'occasion d'une réception en son honneur à la Résidence de l'ambassadeur de Russie.

Soirée d'hiver soviétique, lampe à pétrole et jeu de cartes, 1973, huile sur carton, 43 x 34 cm

«C'est un peintre russe, mais, du point de vue d'un Français, c'est un peintre parisien surtout, affirme Nicolas Hacquebart-Desvignes, qui présente depuis mars dernier plusieurs œuvres d'Oscar Rabine dans sa Librairie-galerie Atrbiblio, surtout quand on voit dans son œuvre les représentations de Montmartre, de Notre-Dame et du Centre Pompidou.

C'est un peintre de la ville, c'est un peintre urbain contemporain. Tout en appartenant par sa vie à un monde révolu, il est présent aujourd'hui et il travaille.»

À Moscou, Oscar Rabin appartenait à l'époque à «l'école Lianozov», un groupe d'expérimentateurs avant-gardistes, auquel appartenaient également Vladimir Nemoukhine, Evgueny Kropivnitski, les poètes Vsevolod Nekrasov, Igor Choline et le jeune Édouard Limonov.

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Pour le galeriste, il y a beaucoup de correspondance entre l'univers de Rabine des années 1970-80 et ses travaux d'aujourd'hui: «Si l'on observe bien ses tableaux, on repère toujours des leitmotivs. Par exemple, les trains, le transport… On y voit les références à la religion et le capitalisme… Il y a aussi les loups, motif répétitif avec leurs plusieurs interprétations: la meute, la peur viscérale de l'homme…»

Tout en étant, en apparence des «paysages urbains», les tableaux d'Oscar Rabine cachent une multitude de codes, seul le spectateur sensible aux valeurs de couleurs utilisées par le peintre, pourrait en déchiffrer la signification. On a beau reconnaître des harengs sur un journal, des bouteilles de vodka, des lampes à pétrole, des mégots de cigarettes, des choses habituelles qui tapissent le sol, aux couleurs passées et dans les tons froids, la clé du mystère de l'univers Rabin reste cachée pour le spectateur paresseux. Il faut scruter de près cet univers exagérément banal pour découvrir le sens de la narration, il faut plonger ses yeux dans les yeux jaunes des loups urbains pour essayer de découvrir la pensée cachée de l'animal… et du peintre…

«Quand on regarde ses tableaux, il a toujours quelque chose de mystérieux, affirme Nicolas Hacquebart-Desvignes, et c'est ce mystère qui intéresse les collectionneurs.»

Selon Marc Ivasilevitch, commissaire de l'exposition consacrée à Oscar Rabine qui s'ouvre le 4 avril au Grand Palais, pour ce peintre «classique dans son approche dans le travail des matières et dans son geste», on décèle immédiatement un esprit rebelle et caractère indépendant.

«Tout en vivant à Moscou dans une petite chambre minuscule d'une maison en bois, il a bâti son gigantesque royaume intérieur.»

La Nativité à Barbès, 1986, huile sur toile, 100 x 81 cm

D'après le commissaire, c'est cette liberté qui a poussé le peintre à s'exprimer dans son style particulier et provocateur. Mettre en scène sur ses tableaux des objets dignes de la poubelle, utiliser les collages et les techniques mixtes n'empêche pas le peintre d'être parfaitement respectueux de la religion et les objets religieux.

«Il est plein de respect devant le sacré», insiste Marc Ivasilevitch.

La première exposition de Rabin en Occident a eu lieu à Londres en 1965. Mais depuis, la reconnaissance de son œuvre ne faiblit pas. Le secret de cette reconnaissance est simple: «C'est à travers de mes tableaux que je m'exprime le plus totalement,» précise souvent l'artiste.
Et l'univers d'Oscar Rabine est passionnant.

vodka Stolichnaya, huile sur toile

Note: jusqu'au 14 avril, la Librairie-galerie Artbiblio, ainsi que la Galerie Michèle Hayem et La Transatlantique mettent également à l'honneur l'univers très particulier d'Oscar Rabine, qui vit à Paris depuis une trentaine d'années.

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