Philosophe, prêtre, fourreur, ces espions soviétiques et leurs métiers de «légende»

Les aventures des espions au cinéma font toujours vibrer, mais il y a ceux pour qui ce n'est pas de la fiction. Outre les agents les plus célèbres qui ont travaillé pour la Russie, il y en a eu d’autres dont les exploits sont moins connus du public. Voici quelques noms d’agents que vous ne connaissez peut-être pas et leurs métiers de «légende».
Sputnik

Les agents de renseignement soviétiques infiltrés à l’étranger avaient bien sûr comme couverture d’autres métiers que celui d’espion. C’étaient parfois leurs vrais métiers. Retrouvez quelques noms d’espions soviétiques dont les activités ont été en partie déclassifiées ces dernières années. On les retrouve dans l’ouvrage «Agents de renseignement soviétiques 2» présenté mercredi par la Société historique de Russie.

George Koval, agent-chimiste

Agent de renseignement soviétique George Koval

George Koval, qui a opéré sous le nom de code de Delmar, était chimiste ce qui lui a permis de devenir enseignant à l’Institut de chimie Mendeleev à Moscou après la fin de sa carrière d’espion.

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Pendant sa mission aux États-Unis, il a travaillé comme technicien chimiste au centre nucléaire d’Oakridge (Tennessee) sous son vrai nom, obtenant des informations de plus en plus précieuses. Transféré à Dayton dans l’Ohio, il a rejoint le projet nucléaire américain Manhattan. Les données transmises par George Koval à l’URSS ont donné une idée de solution aux problèmes relatifs au neutron aux scientifiques soviétiques dirigés par Igor Kourtchatov.

L’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne a mentionné George Koval, toujours sous son vrai nom, dans son célèbre roman Le Premier Cercle.

Alexeï Kozlov, agent-teinturier

Alexeï Kozlov, agent de renseignement soviétique

Alexeï Kozlov a travaillé comme employé ou propriétaire d’une teinturerie ou entrepreneur vendant du matériel de nettoyage à sec dans tous les pays où il était infiltré: en Europe, en Afrique, en Asie. Il se faisait passer pour un Allemand ayant longtemps résidé en Algérie.

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En 1979, il a établi que l’Afrique du Sud menait des essais secrets en vue de se doter d’une arme nucléaire et que des travaux d’enrichissement d’uranium étaient en cours en Namibie occupée. Les données fournies par Alexeï Kozlov ont permis à l’URSS de persuader les États-Unis et des pays de l’Europe occidentale de durcir les sanctions contre l’Afrique du Sud.

Arrêté suite à la trahison d’un autre espion soviétique, Oleg Gordievski, il a passé de longs mois en prison avant d’être échangé contre dix espions allemands arrêtés en RDA et en URSS et un militaire sud-africain fait prisonnier en Angola. Sortant de la prison de Pretoria, cet homme de 90 kg ne pesait plus que 58 kilos.

Iskhak Akhmerov, agent-fourreur

Les informations concernant un agent opérant sous les noms de code Jung, Albert et Michael Green qu’on trouve sur internet portent en fait sur une seule personne, Iskhak Akhmerov, un as du renseignement soviétique de l’époque de la Seconde guerre mondiale, précise le journal Business Gazeta.

​Son grand-père lui a appris son métier de fourreur quand il était encore très petit. Devenu diplomate et agent de renseignement, Iskhak Akhmerov s’est servi de ces connaissances.

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Pendant sa seconde mission américaine, il a créé une entreprise de production de vêtements de fourrure, profitant des liens avec ses clients pour recueillir des informations, notamment sur la conférence de Téhéran et le projet nucléaire Manhattan.

Pendant sa première mission aux États-Unis, à la veille de la Seconde guerre mondiale, il avait en outre réussi à organiser l’opération spéciale Neige qui a permis à l’URSS d’éviter une guerre contre le Japon. L’opération s’est tenue sous le contrôle personnel de Joseph Staline, d’après les médias russes.

Mikhaïl et Elizaveta Moukasseï, agents-commerçants

​Mikhaïl Moukasseï (noms de code Zéphyr et Walter) et son épouse Elizaveta (noms de code Elza et Vichnia, Cerise) ont passé des dizaines d’années à l’étranger à partir de 1939, sans jamais se faire soupçonner par les services de contre-espionnage des pays où ils étaient infiltrés. M.Moukasseï, qui avait lui-même perdu de nombreux proches pendant la Seconde guerre mondiale, se faisait passer pour un négociant ayant survécu à plusieurs camps de concentration. C’était la vraie biographie d’un autre homme qu’il avait aidé à émigrer en Israël.

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Les Moukasseï ont travaillé aux États-Unis et dans plus de 60 autres pays, affirme Ella, la fille des agents citée par les médias. Gentils et intelligents, ils ont été les amis de nombreuses personnes célèbres dont l’acteur et réalisateur Charlie Chaplin et l’écrivain Theodore Dreiser, qui les appelait Mike et Liz.

Ivan Mikheïev, agent-prêtre

L’agent de renseignement soviétique Ivan Mikheïev était un vrai croyant. Devenu prêtre, il a demandé à ses chefs du Service de renseignement, de lui permettre de rester en service, d’après le jounaliste Valeri Smirnov cité par le journal Nezavissimaïa Gazeta.

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En 1941, il a été envoyé dans la ville de Kalinine (aujourd’hui, Tver) occupée par les nazis où il a recueilli beaucoup d’information utiles sur les collabos et les agents secrets nazis. Ce prêtre opérant sous le nom de code «Mikhas» a reçu de nombreuses distinctions soviétiques qu’il portait fièrement sur sa tunique. Ivan Mikheïev est ensuite devenu higoumène, il a accompagné le patriarche russe Alexis Ier pendant ses voyages à l'étranger, d'après la revue russe Science et religion.

Jelena Modrzynska, agent-philosophe

Originaire d’une famille de nobles polonais, Jelena Modrzynska (1910-1982) a travaillé à Varsovie sous le nom de code de «Maria» à la veille de l’invasion nazie de l’URSS (1940-1941). Analyste chargée des agents implantés au Royaume-Uni, elle a notamment surveillé les activités des «cinq de Cambridge». Selon elle, les membres de ce groupe d'espionnage et anciens étudiants de l'université de Cambridge (Kim Philby, Donald Maclean, Anthony Blunt, Guy Burgess et John Cairncross) étaient des agents doubles dont la mission était de désinformer l’URSS.

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Après la guerre, Mme Modrzynska est devenue philosophe. Docteur en philosophie, elle est l’auteur de nombreux articles des encyclopédies soviétiques.

Présentant, mercredi l’ouvrage consacré aux agents de renseignement soviétiques, le directeur du Service de renseignement extérieur (SVR) Sergueï Narychkine a noté: «Nous comprenons que l’histoire du service de renseignement extérieur du pays, surtout sa partie classifiée, doit devenir publique. Le destin héroïque de nombreux agents légendaires est un bon exemple pour toutes les générations de Russes, surtout pour les jeunes».

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