Pas de réaction… à moins de considérer que la pique verbale du ministre marocain des Affaires étrangères, intervenue le lendemain, constituait une réponse indirecte. Dans une réunion tenue dimanche à Alger, qui a réuni les chefs de diplomatie des deux rives de la Méditerranée, Nasser Bourita a déclaré que le bon voisinage «est une valeur et un engagement» qui doit être respecté par les États. «La stabilité n'est pas compatible avec l'irresponsabilité», a-t-il ajouté.
C'est dans la région montagneuse du Rif que se concentre l'essentiel de la culture du «Kif», appellation locale du cannabis. Une tradition ancestrale, encouragée sous le protectorat espagnol puis sous l'occupation française, qui l'a étendue via sa Régie du tabac et du kif, à d'autres zones du pays. Aujourd'hui, et en dépit de son interdiction officielle, cette culture continue de prospérer à la faveur d'une marginalisation historique dont souffre cette région frondeuse, théâtre en 2016 de contestations sociales. Alors, Rabat joue à l'équilibriste entre les engagements pris, notamment avec les partenaires européens, et la marge laissée à quelque 90.000 ménages dont le cannabis constitue le seul moyen de subsistance.
La même logique prévaut dans quelques régions reculées de Tunisie pour la contrebande de carburant en provenance de Libye ou d'Algérie et qui constitue une source de subsistance pour des milliers de familles. Là aussi, on tolère, comme on peut, à telle enseigne que les contrebandiers de carburants ont pignon sur rue, et parfois, poussent la hardiesse un peu plus loin.
Une photo qui résume tout (…) contrebande et chevauchement d'une ligne continue pour dépasser une voiture de la garde nationale. Quel culot!
Retour au Maroc, où les plantations de cannabis, s'étendant sur quelque 45.000 hectares, génèrent, selon un rapport du département d'État américain daté de mars 2016, pas loin de 23 milliards de dollars, soit près de 23% du PIB marocain en 2016.
Dans ce pays leader régional en tourisme, Tour operators et «dealers» locaux joignent leurs efforts pour garantir le bien-être de beaucoup des touristes étrangers. Comme dans la ville pittoresque de Chaouen, prisée pour sa médina bleue et son hasch vert. C'est que l'autre facette de la forte production locale est une demande, tout aussi forte, des marchés européens.
Et si l'ambition que nourrit pour le Maroc l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) est de réduire les superficies de plantations en deçà de la barre symbolique de 23.000 hectares en 2020, c'est sans compter de nouvelles variantes hybrides qui ont été importées d'Europe avec un rendement décuplé, d'après une étude, datant de 2015, de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).
Entre-temps, sur les réseaux sociaux, les amabilités échangées dans l'humour n'excèdent pas les limites conventionnelles du voisinage.
L'Algérie est jalouse du Maroc parce que le Maroc produit effectivement le meilleur Haschich!
Supposons que ce que dit le PM algérien est vrai. Le Maroc est-il coupable si l'Algérie est accro au Haschich?
D'autres aiment à rappeler, par contre, que la problématique est la même pour les deux pays, bordés au Sud par la bande sahélo-saharienne, autoroute de tous les trafics.
C'est la même chose au Maroc, avec les drogues hallucinogènes qui nous parviennent d'Algérie (.) Ni le Maroc, ni l'Algérie ne peut affronter ce trafic (.) il faut rester positif.
Difficile de raison garder quand les deux géants se livrent à une guerre d'influence sur fond de relations tendues, depuis des décennies. Aujourd'hui, comme hier, leur différend a un nom: le Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole que le Maroc revendique comme partie intégrante de son territoire, mais dont l'Algérie soutient les velléités autonomistes, au nom —officiellement- de la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Effet de la journée internationale du câlin, sans doute, puisqu'il n'y a pas que le haschich qui adoucisse les mœurs.