On condamne des violences contre des manifestants, on appelle à la tenue d'élections, on déploie des missions d'évaluations électorales, sans compter les réactions — presque systématiques — qui suivent un attentat terroriste perpétré dans un pays de la francophonie.
Quoi de plus normal, tempère dans une déclaration à Sputnik Abderrahmane Hama, représentant permanent du Niger à l'OIF, puisqu'on est «toujours dans le cadre institutionnel de l'organisation tel que défini par la Déclaration de Bamako».
«Il ne faut pas oublier que Michaëlle Jean (secrétaire générale de l'OIF depuis 2014) est une ancienne réfugiée qui a fui la dictature avec sa famille pour se réfugier au Canada! On comprend, dans ce cas, qu'elle soit particulièrement portée sur certaines thématiques. C'est pour cela aussi qu'on la voit en train de remuer ciel et terre pour l'autonomisation des femmes, la promotion des jeunes, et l'observance des droits humains. C'est donc, avant tout, une question de personnalité du secrétaire général qui façonne son action», a déclaré le diplomate nigérien.
Si «la carte de Bamako est jouée à fond dans l'espace francophone», c'est aussi pour deux raisons, d'après l'ancien secrétaire général de la Francophonie au Burkina Faso, Dramane Konaté. Il s'agit d'abord, d'une raison objective, qui fait que «Jean a hérité de dossiers assez brûlants» avec «la persistance des troubles sur le continent, depuis pratiquement 2010 (…), due surtout aux blocages institutionnels et aux crises post-électorales» en Côte d'Ivoire, en Égypte, en Centrafrique, au Burkina Faso, en RDC, au Togo, etc.
«La seconde raison repose sur l'implication de la France elle-même dans la gestion et la résolution de ses crises. Nécessairement, la Francophonie s'aligne derrière la position de la France au sein de la communauté internationale avec les Nations Unies, l'Union européenne et l'Union africaine», a déclaré l'ancien responsable burkinabé à Sputnik.
C'est ainsi que l'OIF se trouvera, à titre d'exemple, en première ligne pour encourager l'initiative française consistant à rassembler un soutien international à la Force G5 Sahel. Quoiqu'elle s'en défende, la mise en place de cette force a été largement inspirée par la France, qui cherche à revoir les modalités de sa présence militaire dans la région.
Créée en 1970, la Francophonie institutionnelle compte aujourd'hui 58 États et gouvernements membres, et 26 pays observateurs. Elle revendique 274 millions de locuteurs dans le monde, dont 43% en Afrique, où la langue progresse principalement par le fait démographique. Le français n'en demeure pas moins la neuvième langue parlée au monde, en enregistrant une «régression (…) dans toutes les organisations internationales et sur leurs sites, même quand le français y est langue officielle ou langue de travail», relève le journal Le Monde. Devant ce déclin, l'organisation «compense cette perte de terrain par un positionnement politique plus fort sur la scène internationale», conclut Zayani.