D'ailleurs, une double imposition aurait été mal venue par ces temps de vaches maigres. Avec les nuages de la crise qui s'amoncellent, on regrette que le réveillon du 31 décembre n'ait pas été célébré en grandes pompes.
Qu'importe, les Algériens répondent tout de même présents au réveillon, même si c'est chez les voisins tunisiens. Asile ludique pour les uns, flux touristique pour les autres. Échange de bons procédés, somme toute. Quoi de plus normal entre voisins.
Le 27 décembre dernier, le Président algérien Abdelaziz Bouteflika a donc annoncé sa décision de consacrer Yennayer journée chômée et payée, à côté du 1er mouharram du calendrier musulman et du 1er janvier. Une fête célébrée depuis longtemps par la quasi-majorité des Algériens, d'est en ouest, du nord au sud, et dont l'officialisation est une revendication politique du mouvement berbériste.
La même annonce présidentielle chargeait, également, le gouvernement d'accélérer la création d'une Académie algérienne de la langue amazighe. Une série de mesures qui visent, selon le chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel, à «conforter les fondements de l'identité et l'unité nationales».
Pour une partie de la communauté amazigh, qui a battu le pavé en décembre dernier en contestation du rejet d'un amendement de la loi de finances 2018 prévoyant la généralisation de l'enseignement de la langue berbère, le pouvoir n'a fait que céder à la pression de la rue. Pour d'autres, ce serait même une volonté de «récupération identitaire», voire une tentative de diversion, après l'adoption récente de mesures d'austérité.
C'est que la consécration de Yennayer a été concomitante avec l'annonce, par le ministre du Commerce, de l'interdiction d'importer près de 900 produits. Logique dans ce cas qu'on cherche à promouvoir les produits locaux. Et Yennayer en fait partie.
Mais quelque part du côté de Bab Ezzouar, ou de la raffinerie pétrolière d'Adrar au fin fond du pays, le Big Brother chinois observe avec intérêt ces étranges rituels. Après que leur présence a été affectée par la crise, les 40.000 Chinois d'Algérie pensent à la commercialisation d'un nouveau produit qui a toutes ses chances de réussir dans ce pays, fan de réveillons: le Nouvel An chinois.