« D'abord cette officialisation vient beaucoup trop tard. Et puis on ne sait pas ce qu'elle va devenir. Si on regarde bien le texte de la constitution, dans l'article 3, on voit que la langue n'est vraiment officielle, on dit d'abord que c'est la deuxième langue officielle, ça vient tout de suite après l'arabe, c'est-à-dire c'est pas vraiment officiel, et puis elle sera officielle dans…dans le futur, après l'installation de l'Académie, après la mise en places des moyens, donc on attends pour voir… »
« C'est une bonne question… Pourquoi ça n'a pas été fait des 1962 dès l'indépendance d'Algérie, car il y avait des gens ont demandé ça de suite? Pourquoi ça n'a pas été fait dans les années 80 quand les gens ont manifesté dans la rue pour demander ça justement? Pourquoi ça n'a pas été fait en 2001 quand presque 200 personnes sont mortes pour ça? Et ça a été fait qua maintenant. Ce sont des questions auxquelles l'histoire va nous donner des réponses dans l'avenir. Peut-être il y a des calculs politiques derrière et c'est le régime qui cherche maintenant des moyens pour sortir de sa crise alterne, je ne sais pas ».
Pas de manifestations de joie, après plusieurs années d'attente, paradoxalement, les berbères se méfient, et même si c'est un fait historique ils préfèrent attendre de voir comment la situation va réellement changer avec le temps. Amal Chevreau, responsable du pôle Etudes et projets de l'Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen, estime que cette reconnaissance va conduire vers l'apaisement nécessaire:
« C'est surtout une question de, un, d'apaisement politique il y a une un certain nombre d'affrontements qui ont eu lieu ces derniers mois, ou même ces dernière années entre notamment les Chaouis et autres, qui les berbères, qui ne se sentaient pas tout à fait acceptés, et ici il y a toute la question de la Kabylie, qui rejetait le pouvoir centrale. Donc je pense que c'est une mesure d'apaisement et une envie que cette tranche de la population algérienne soit satisfaite et assez fière et reconnue comme une composante importante du paysage algérien ».
Enfin un soutien très « européen » aux minorités culturelles en Afrique du Nord, un soutien à envier, car par exemple dans le « cœur même de l'Europe », en Ukraine, où en moyenne plus de 90% des citoyens utilisent le russe dans leur vie quotidienne, une langue loin d'être reconnue par l'état et elle est même interdite dans un certain nombre d'écoles. Mais ce sont deux histoires différentes, la comparaison serait vaine…
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